Etats-Unis

L’exploitation des gaz de schiste interdite... dans la ville où est née la fracturation hydraulique !

Etats-Unis

par Maxime Combes

A l’occasion des élections américaines de mi-mandat du 4 novembre dernier, 58 % des électeurs de Denton, ville de 113 000 habitants dans le nord du Texas, ont voté l’interdiction de la fracturation hydraulique, technique nécessaire à l’exploitation du gaz de schiste. Jusqu’ici, Denton était connue pour être la ville où est née la fracturation hydraulique. C’est en effet à Denton, situé sur la formation géologique de schiste de Barnett (Barnett Shale) que l’entreprise Mitchell Energy a pour la première fois testé l’utilisation de la fracturation hydraulique – injection d’eau de sable et de produits chimiques visant à fracturer la roche – sur des puits visant à exploiter le gaz de schiste. Aujourd’hui Denton compte plus de 270 puits de forage.

Denton rejoint la longue liste [1] des villes et comtés américains qui ont voté l’interdiction ou la restriction de l’usage de la fracturation hydraulique. De l’État de New York à la Californie, en passant par le Michigan et le Texas, ce sont aujourd’hui plusieurs centaines de villes et de comtés américains. Cette liste s’est encore allongée lors des élections du 4 novembre puisque la ville d’Athens dans l’Ohio, ainsi que les comtés de Mendocino et San Benito en Californie ont également voté l’interdiction [2].

La décision des électeurs de Denton ne plait pas du tout aux producteurs de pétrole et de gaz de la région. A peine douze heures après le vote, le General Land Office, qui gère notamment les recettes issues des droits octroyés aux exploitants pétroliers, et l’association des producteurs de pétrole et de gaz du Texas ont déposé des recours en justice contre cette décision démocratique. Pour ces deux institutions, les lois de l’État du Texas primeraient sur les lois locales. La décision des électeurs de la ville de Denton serait donc sans valeur légale. Comme le révèle le site Desmoblog, la famille Bush est aux manettes.

Pour les organisations écologistes, si la majorité des électeurs de Denton a rejeté l’exploitation des gaz de schiste, c’est la preuve qu’il faut poursuivre les initiatives en ce sens aux États-Unis : « Si, au cœur de l’industrie pétrolière et gazière, on ne peut pas vivre avec la fracturation, qui le peut ? », interrogent-elles. Selon un nouveau sondage réalisé après les élections de mi-mandat par le Pew Research Center, une majorité d’américains s’opposent désormais à l’utilisation de la fracturation hydraulique [3]. Alors qu’ils étaient 48 % à être favorables à l’utilisation de cette technique en mars 2013, ils ne sont désormais plus que 41 % contre 47 % qui s’y opposent.

Maxime Combes

Notes

[1Voir ici.

[2Le comté de Santa Barbara (Californie) et les villes de Gates Mills, Kent et Youngstown (Ohio) n’ont, notamment, pas voté en faveur de l’interdiction.

[3Source.