Europe

L’Autriche risque encore de se retrouver avec un président d’extrême droite

Europe

par Rachel Knaebel

Le 4 décembre, les Autrichiens retournent aux urnes pour élire leur président de la République. C’est la seconde fois en six mois : le 22 mai dernier le candidat écologiste Alexander Van der Bellen l’avait emporté de justesse avec 50,3 % des voix. Son adversaire, le représentant du parti d’extrême droite FPÖ Norbert Hofer, a contesté le résultat devant la cour constitutionnelle autrichienne. Celle-ci a invalidé le vote pour cause d’irrégularités dans le dépouillement des bulletins par correspondance. D’où ce second scrutin. Une fois encore, le candidat d’extrême droite pourrait gagner.

« Ce qui est en cause dans la décisions de la cour constitutionnelle, ce ne sont pas des manipulations, mais des irrégularités dans la manière dont les votes par correspondance ont été dépouillés », souligne Alexandra Strickner, membre de la direction d’Attac Autriche, qui suit la campagne avec inquiétude. « Il y a de la part de Hofer une tentative de radicalisation du débat, avec des attaques ad hominem contre Van der Bellen ». Si la question migratoire n’a plus forcément autant d’importance que lors de la dernière campagne, l’élection de Donald Trump a donné des ailes au candidat d’extrême droite autrichien.

Le traité de libre-échange transatlantique Tafta constitue un autre sujet essentiel. « La résistance face au Tafta et au Ceta est forte en Autriche, note Alexandra Strickner (voir notre article). Or, le gouvernement (de coalition entre sociaux-démocrates et conservateurs, ndlr) a décidé de soutenir ces traités. Norbert Hofer se présente donc comme la seule personne qui va s’opposer à ces traités. Van der Bellen a pris aussi position contre le Tafta, mais pas de manière aussi claire. »

Le président autrichien, s’il n’est pas le chef de l’exécutif comme en France, a tout de même le pouvoir de démettre le gouvernement, et de forcer ainsi l’organisation de nouvelles élections législatives. « Aucun des présidents n’a utilisé ce pouvoirs depuis l’après-guerre », précise la responsable d’Attac Autriche. Le candidat de l’extrême droite a déjà déclaré qu’il n’hésiterait pas à la faire s’il accédait au pouvoir, ouvrant ainsi une phase d’instabilité institutionnelle dans le pays.

[Mise à jour le 5 décembre 2016] L’Autriche a dit non à l’extrême droite. Les électeurs devaient choisir le 4 décembre entre le candidat du FPÖ, Norbert Hofer et celui des Verts Alexander Van der Bellen. Et ils se sont prononcés en faveur de ce dernier à 53,3 %, selon les premières estimations.