Logement

Harcèlement gouvernemental contre les mal logés

Logement

par Ivan du Roy

Interpellées deux fois en 48h : c’est la réponse du gouvernement aux 400 familles mal logées qui ont établi un campement dans le 15e arrondissement de Paris. Depuis le 9 mai, elles se sont installées sous les fenêtres d’un immeuble vide de 30 logements, inoccupé depuis un quart de siècle, et appartenant à un particulier. Leurs dossiers de relogement sont pourtant classés prioritaires par le dispositif Dalo (Droit au logement opposable) qui oblige l’Etat à une obligation de résultat en matière de relogement. En attendant un logement décent, ces familles vivent dans des hôtels meublés, des appartements surpeuplés ou dans des taudis.

Le 14 mai, le campement organisé à l’initiative du Dal (Droit au logement) est évacué « brutalement » par les forces de l’ordre. 27 personnes, dont dix femmes avec enfants, sont interpellées. Le 16 mai, rebelote : une centaine de personnes présentes sont arrêtées aux environs de 20h malgré le fait qu’elles aient accepté de lever le camp après les sommations d’usage. Les hommes sont séparés des femmes. Celles-ci sont entassées dans un bus dépourvu de ventilation. Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association, est placé en garde à vue pour rassemblement illégal puis libéré dans la soirée. « Cela traduit un durcissement. Ils veulent étouffer le mouvement », témoigne-t-il.

Le Dal demande « l’arrêt de la répression, l’application de la loi de réquisition et le relogement de tous les prioritaires Dalo ». Le secrétaire d’Etat au Logement, Benoist Apparu, a bien reçu les représentants des familles le 12 mai. Il s’est contenté de déclarer qu’il allait convoquer le propriétaire. La mairie de Paris est prête à préempter les logements vides. Encore faut-il que le propriétaire les mette en vente. Reste la réquisition. Seul le préfet, donc l’Etat, est en mesure d’en prendre la décision. Sur l’Île-de-France, seulement 20% des familles classées prioritaires par le dispositif Dalo (plus de 24.000) ont été relogées. Sur Paris, elles sont à peine 7%.