Réforme des retraites

« La majorité des établissements scolaires de Guadeloupe sont bloqués, mais les médias en parlent peu »

Réforme des retraites

par Céline

Depuis début janvier, les enseignants de Guadeloupe sont fortement mobilisés contre la réforme des retraites. Les revendications, depuis, se sont étendues à la réforme du Bac et aux manques de moyens dans l’éducation. Témoignage de Céline, professeur en collège.

« Nous avons eu 18 secondes au journal télévisé de France 2 le 30 janvier, sinon l’information sur notre mouvement est très peu relayée en métropole, alors qu’il y a de grosses actions menées en Guadeloupe, et aussi en Martinique. Le mouvement a vraiment pris de l’ampleur à la rentrée, début janvier.

Ce 31 janvier, la majorité des collèges, lycées et écoles primaires de l’île sont bloqués par les enseignants [1]. Il y a des établissements qui rouvrent sous la pression des inspecteurs ou de la direction et referment ensuite. Mon collège, par exemple, est complètement fermé depuis le jeudi 9 janvier, nous y entamons notre quatrième semaine de blocage.

72 postes supprimés à la prochaine rentrée

Les syndicats majoritaires du premier et du second degré ont joint leurs forces et mènent le mouvement. Même si beaucoup de lycées sont fermés, les lycéens ont quand même pris la relève pour demander le report des épreuves du bac E3C. Ils sont allés manifester au rectorat. Il y a évidemment davantage de pressions sur les blocages dans le premier degré car c’est toujours plus problématique pour les parents.

Au début, nous étions véritablement concentrés sur les retraites, sur la revendication du retrait de la réforme. Puis, nous avons reçu les dotations de postes prévues pour la rentrée 2020. En Guadeloupe, nous perdons en tout, dans le primaire et le secondaire, 72 postes pour la rentrée prochaine [2].

Le ministère met cela sous couvert de la démographie en baisse. Mais, concrètement, nous voyons les effectifs augmenter dans nos classes. En sachant que nous avons des conditions sociales assez difficiles en Guadeloupe, bon nombre d’établissements devraient intégrer le réseau d’éducation prioritaire, ce qui nous permettrait de travailler avec des effectifs réduits et davantage de moyens.

« Il y a en fait une large contestation en Guadeloupe »

Nous demandons aujourd’hui le retrait de la réforme des retraites, la non-suppression des 72 postes, et nous voulons faire partie du réseau prioritaire quand c’est nécessaire. Nous avons bloqué l’entrée du rectorat le 29 janvier, et nous manifestons régulièrement. Nous avons aussi été dans les bâtiments municipaux pour relayer le mouvement auprès des autres fonctionnaires, et demandé des rendez-vous avec les élus. Le rectorat a reçu les syndicats et les élus, mais il dit que ce n’est pas de son ressort.

Du côté des parents, la colère gronde et nous essayons de communiquer un maximum avec eux. Les associations de parents d’élèves comprennent nos revendications mais exhortent le recteur à débloquer la situation au plus vite afin que leurs enfants puissent reprendre le chemin de l’école.

Nous avons aussi manifesté avec les avocats au début, et les infirmiers. Une grande manifestation interprofessionnelle est prévue le 1er février. Il y a en fait une large contestation en Guadeloupe, qui touche aussi à des problèmes spécifiques, comme le chlordécone, les algues sargasses, le mauvais approvisionnement en eau, et l’état de l’hôpital. Notre système de santé est dans un état catastrophique. »

Propos recueillis par Rachel Knaebel

Notes

[1Voir cet article de France Antilles sur la situation au 23 janvier.

[2Voir ici et ici.