Réchauffement

La société civile philippine rappelle à Hollande ses engagements sur le climat

Réchauffement

par Maxime Combes

Des stars et des paillettes au pays dévasté par les typhons. La visite de François Hollande aux Philippines, en présence de Marion Cotillard, Mélanie Laurent et Jeremy Irons, est la première visite officielle d’un chef de l’État français dans l’archipel de plus de 7 000 îles, dont une bonne partie est extrêmement vulnérable aux conséquences des dérèglements climatiques. De dévastateurs typhons, dont la fréquence et l’intensité augmentent au fil des ans, balaient chaque année le pays. En novembre 2013, le typhon Haiyan a causé plus de 7 000 morts, rasé des villes et des villages entiers et occasionné des dégâts toujours visibles.

François Hollande, dont la conversion à l’urgence climatique est récente (voir notre article), proclame sa volonté de « laisser une trace » dans l’histoire en obtenant un « accord historique sur le climat » lors de la prochaine conférence internationale de l’Onu sur le changement climatique qui se tiendra à Paris (Le Bourget) en décembre 2015. Avec le président philippin Benigno Aquino, il prévoit de rendre public un « Appel de Manille pour le climat » visant à solliciter « la mobilisation de tous en vue d’un accord à Paris ». Une opportunité saisie par les organisations philippines œuvrant à la justice climatique pour rappeler quelques-unes de leurs exigences, tant envers François Hollande et les pays développés, qu’envers leur propre gouvernement.

« Simple coup de publicité »

Ces organisations ne veulent pas que « ce déplacement se transforme en un nouveau fiasco de promesses et de déclarations non suivies d’effets ». Ils ne veulent pas que ce soit un « simple coup de publicité ». Ils exigent au contraire que cet appel de Manille « ait du sens pour le peuple philippin et pour les populations vulnérables de la planète ». Ils demandent au Président de la République française et à l’ensemble des gouvernements de la planète de s’engager à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de manière à ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement global. On en est très loin. A l’heure actuelle, les engagements des pays conduisent à un réchauffement de plus de 3,5°C, occasionnant une forte montée du niveau des mers, la disparition de nombreuses îles et côtes peuplées et une augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes climatiques extrêmes.

Pour la société civile philippine, il ne suffit pas de promettre la fin des soutiens au charbon, encore faut-il la mettre en œuvre « immédiatement », écrivent ses représentants dans une déclaration rendue publique ce jeudi 26 février (télécharger le document). Ils réclament également les financements adéquats permettant aux pays du Sud de financer leurs politiques d’atténuation et d’adaptation face au réchauffement climatique. Ils font remarquer que le milliard de dollars promis par François Hollande pour alimenter le Fonds Vert pour le climat est ridicule au regard du coût des conséquences des dérèglements climatiques. Les dégâts occasionnés par le typhon Haiyan s’élevent à plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Les exigences des mouvements philippins comprennent également le rejet des mécanismes de compensation et de marché carbone. Et tracent les contours de ce que devraient être les engagements de la communauté internationale dans la perspective d’un accord contraignant, à la hauteur des enjeux. Il n’est pourtant pas certain qu’ils soient entendus. Alors que l’urgence climatique se précise, François Hollande va-t-il une nouvelle fois se limiter à quelques photos « people » et à de nouveaux discours non suivis d’effets ?