Greenwashing

Forêts durables : PEFC, le label vert qui vous ment

Greenwashing

par Nolwenn Weiler

Mis en place en 1999 par l’industrie du bois, le label PEFC est censé garantir une gestion éco-responsable des forêts. Cette certification cache en fait des pratiques fort peu recommandables en matière de protection de l’environnement, comme la gestion « durable » de forêts à coup de napalm et de neuro-toxiques.

Vous avez la fibre écolo et vous prenez l’habitude, quand vous achetez des produits à base de bois (papier, planches, jouets, meubles...), de vérifier s’ils sont bien certifiés « PEFC » (Programme de reconnaissance des certifications forestières [1]) ? Vous avez ainsi la conscience tranquille, pensant soutenir une gestion forestière durable plutôt qu’un déboisement sauvage. Et bien vous avez tort ! Le dit label, que l’on retrouve partout – sur les magazines, les meubles en bois, les emballages papier et même le papier hygiénique – est, en effet, une supercherie. Une de plus dans cette nouvelle guerre commerciale du « plus vert que moi, tu meurs ! ». Un documentaire révèle comment des pratiques on ne peut moins écolos sont certifiés PEFC. Il a été produit et diffusé en avril par la télé locale du plateau des mille vaches (Limousin), Télé mille vaches.

On y apprend que pour être certifié PEFC, il est inutile de montrer patte blanche. Il suffit de faire un chèque. Le formulaire à remplir n’est assorti d’aucune espèce d’obligation. Et les contrôles sont pour ainsi dire inexistants. Quant au cahier des charges, il compile des préconisations floues et peu contraignantes. Les termes comme « s’efforcer de » ou « prendre des dispositions pour » sont légion. « Sur le terrain, comme le montre le documentaire, c’est ce qui permet à de nombreuses coupes rases (l’abattage de la totalité des arbres d’une parcelle, ndlr) d’être éco-certifiées  », regrettent les Amis de la Terre, qui ont participé à l’enquête.

Abattage de masse éco-certifié

La plus grosse escroquerie est sans doute le « verdissement » du pillage des forêts primaires. Créé en 1999 pour contrer l’émergence d’un autre label, le FSC (Forest Stewardship Council, plus sérieux), le PEFC étend depuis 2003 ses activités au-delà de l’Europe : des entreprises sont « certifiées » en Australie, au Brésil, au Canada, aux États-Unis, au Gabon, en Russie… Les services communication de l’industrie forestière savent en faire bon usage. En Tasmanie (Australie), par exemple, la destruction des forêts primaires est ainsi labellisée PEFC.

Après avoir été rasés, les arbres parfois plusieurs fois centenaires sont remplacés par des pousses à croissance rapide, tellement plus pratiques pour faire de l’argent rapidement en fabricant de la pâte à papier. Pour être sûr qu’aucun animal ne vienne détruire ces nouvelles plantations – au cas où le napalm utilisé pour détruire les souches n’aurait pas suffi – on les arrose de poisons neuro-toxiques. Entre le napalm et ces poisons, le sol se retrouve saturé de sympathiques molécules ! Bref, le procédé apparaît difficilement compatible avec l’un des énoncés du site Internet de PEFC qui aspire à « léguer une terre en bonne santé aux générations futures ».

« La vérité, c’est que les pratiques forestières ont très peu évolué et que les pouvoirs publics ont préféré miser sur la certification plutôt que de renforcer la loi forestière  », conclut Sylvain Angerand, des Amis de la Terre. L’association a décidé, avec deux autres fédérations d’associations locales (Fédération départementale Corrèze Environnement, Franche-Comté Nature Environnement ) de saisir la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) en estimant que ce label était de nature à tromper le consommateur. C’est le moins qu’on puisse dire.

Nolwenn Weiler

Notes

[1Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes