Luttes sociales

Face aux agents de nettoyage en grève, la SNCF envoie la police

Luttes sociales

par Nolwenn Weiler

« Nous sommes les petites mains qui nettoyons les gares, les escaliers au petit matin, dans la chaleur ou dans le froid, avant que vous sortiez de chez vous pour aller travailler. Pour la plupart d’entre nous, cela fait des années que nous sommes là. » Depuis le 2 novembre, la quasi-totalité des 107 agents de nettoyage oeuvrant dans les gares au nord de la région parisienne (RER B et D et des lignes du Transilien H et K) ont cessé le travail. Soit 33 jours de grève, pour faire pression sur leur nouvel employeur, la société H. Reinier, filiale du groupe Onet, qui a remporté l’appel d’offres de la SNCF pour le nettoyage des 75 gares concernées. Auparavant, les agents travaillaient pour la société SMP dont les contrats ont été transférés au nouveau prestataire le 1er novembre.

Soutenus par la CFDT, FO et Sud Rail, les salariés, tous payés au Smic, aimeraient bénéficier de la convention manutention ferroviaire plus avantageuse, selon eux, que la convention collective nationale des entreprises de propreté. Ils réclament par ailleurs que leur panier repas passe de 1,90 euros par jour à 4 euros, demandent que les CDD soient transformés en CDI et souhaitent que la clause de mobilité soit supprimée. Selon les salariés, cette clause de mobilité pourrait les forcer à changer de gare au dernier moment, sans que les dizaines de kilomètres supplémentaires à parcourir pour rejoindre leur nouveau lieu de travail ne soient pris en compte.

« Nous avons tous des factures et des loyers à payer, des enfants à nourrir »

Des négociations se sont tenus ce 4 décembre entre les salariés, leurs soutiens syndicaux et la direction. Jusqu’à présent, la direction refuse de répondre aux demandes des salariés sur le maintien des effectifs et la clause de mobilité. « La SNCF est également responsable de cette situation. Au lieu d’apporter une réponse au conflit, elle nous envoie la police et des intérimaires pour nettoyer les gares par la force et la violence », regrettent les salariés dans un communiqué appelant à les soutenir.

Dans la nuit de vendredi 1er au samedi 2 décembre, les forces de l’ordre sont intervenues, à la demande de la SNCF, pour expulser les salariés en grève et nettoyer la gare de Saint-Denis, où les déchets s’amoncelaient depuis plus d’un mois. « Je fais le piquet de grève depuis le début du mouvement à Saint-Denis avec mes collègues. Maintenant, la gare vient d’être nettoyée grâce au concours de la force publique. Ce n’est pas une attitude respectueuse du droit de grève de la part de la SNCF », estime dans les colonnes du Bondy blog Alain Belhocine, agent de nettoyage depuis 17 ans.

« Notre combat est très simple : nous nous battons pour le respect et la dignité. Nous nous battons contre la précarité. Cela ne nous plaît pas de ne pas travailler pendant un mois. Nous avons tous des factures et des loyers à payer, des enfants à nourrir, rappellent les salariés dans un communiqué. Jusqu’à présent, le soutien important nous a permis de récolter 10 000 euros. » Soit 100 euros par gréviste, alors qu’ils n’ont pas touché un centime en novembre.

 Pour contribuer à la caisse de grève des salariés du nettoyage des gares SNCF, cliquez ici

 Lien vers la page FB de Sud Rail, appelant à soutenir les grévistes.