Amérique latine

Evo Morales plébiscité par les Boliviens

Amérique latine

par Nedjma Bouakra

La popularité du président Evo Morales ne se dément pas. Plébiscité le 6 décembre, avec 63 % des voix, par les Boliviens, il consolide son mandat. Evo Morales obtient une majorité des deux tiers au Sénat et peut dorénavant empêcher les votes de blocage de ses opposants. La droite, avec le candidat Manfred Reyes Villa, a recueilli 27% des suffrages. Six autres candidatures confirmaient la fragmentation de l’opposition.

Ce président Indien, gouvernant depuis 2005 et appliquant concrètement un programme de redistribution des terres agricoles fait la différence en Amérique du Sud. Gare aux « indigènes », certains ont de la suite dans les idées ! Dans le quotidien bolivien La Prensa du 8 décembre 2001, l’ambassadeur américain de l’époque s’était exprimé ainsi : « Evo Morales est un Ben Laden andin et les producteurs de coca, les paysans, des talibans. ». Quelques années plus tard, un autre ambassadeur américain, considéré comme intriguant sur le territoire, est mis à la porte de la Bolivie en 2008.

Tout en s’aliénant une partie des anciennes classes dirigeantes dont les investisseurs du domaine de l’énergie, Evo Morales met en oeuvre une nationalisation des ressources pétrolières. Une loi, promulguée dès 2006, « restitue à l’Etat la propriété des ressources en hydrocarbures » . Très critiqué pour sa réforme de la constitution, considérée comme « inapplicable » par l’opposition, Evo Morales a été rassuré le 10 août 2008 lors d’un référendum « révocatoire » à 67,4 % des voix. Cette réforme visait à faire de l’État bolivien « l’acteur central » de la politique de réduction des inégalités et de l’éradication de la pauvreté. La limite maximale des latifundia a été établie à 5.000 hectares par les électeurs. La feuille de coca devient « patrimoine culturel ». Mais une concession majeure est faite à l’opposition : ne briguer qu’un seul mandat supplémentaire de cinq ans, en échange de l’approbation du projet constitutionnel. Evo Morales est aussi attendu sur ce terrain-là, tant sur l’accélération des reformes que sur ses engagements. Evo Morales va-t-il tenir parole ?

A lire : « Evo. Portrait au quotidien du premier président indigène de la Bolivie », du journaliste Martin Sivak. Editions Le Jouet enragé, décembre 2009