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Etats-Unis, Brésil, Europe, Inde… Les droites extrêmes, misogynes, xénophobes et anti-écologie se portent bien

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par Rédaction

Les droites extrêmes, dans leurs nuances nationalistes, xénophobes voire racistes, misogynes, anti-sociales ou anti-écologie, se portent bien. Que font-elles quand elles prennent le pouvoir ? Qui les soutient ? Les extrêmes droites, mieux les connaître pour mieux les combattre est un dossier réalisé par Basta! en partenariat avec le réseau Ritimo, qui regroupe des associations de solidarité internationale.

Au lendemain des élections européennes du 26 mai 2019, l’extrême droite française est sortie, encore une fois, renforcée. Avec 23 % des voix, la liste du Rassemblement national, le parti de Marine Le Pen (ex-FN), est arrivée, comme en 2014, en première position, devant La République en marche (LREM), le parti de centre-droit au pouvoir. Dans d’autres pays européens, en Italie, en Allemagne ou en Belgique, les partis d’extrême droite ont aussi enregistré des scores importants. En conséquence, le nouveau Parlement européen pourrait compter un puissant bloc d’extrême droite en son sein si ces formations arrivent à s’entendre.

Des partis d’extrême droite et des partis ultra-conservateurs autoritaires sont déjà au pouvoir dans plusieurs pays européens. En Hongrie et en Pologne, deux décennies de néolibéralisme brutal, elles-mêmes consécutives à la chute du Rideau de fer et aux régimes totalitaires en vigueur à l’Est, continuent de faire des dégâts majeurs tant au niveau économique et social que politique. En Europe de l’Ouest aussi, les extrêmes droites s’installent. En Italie, le parti de Matteo Salvini, la Ligue, dirige le gouvernement et domine le paysage politique. En Autriche, la droite conservatrice n’a pas hésité à faire alliance avec le FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs), finalement désavoué suite à un scandale impliquant un ministre d’extrême droite. Une vidéo rendue publique montrait le vice-chancelier proposer des marchés publics à un oligarque russe en échange d’un soutien financier à son parti.

L’élection de Donald Trump a renforcé les groupes violents, racistes et suprémacistes blancs

Une partie de l’extrême droite européenne apprécie désormais le pouvoir en place au Kremlin, et réciproquement : le parti de Marine Le Pen emprunte auprès de banques russes, la Ligue italienne a passé un accord avec le parti de Vladimir Poutine. Une autre partie tourne aussi son regard vers les États-Unis.
Outre-Atlantique, l’élection de Donald Trump à la présidence en 2016 a renforcé les groupes violents, racistes et suprémacistes blancs. Leurs pratiques offensives sur les réseaux sociaux, à coups de fake news et de harcèlement, inspirent les « identitaires » européens. Au Brésil, le nouveau président Jair Bolsonaro est soutenu par des groupes nostalgiques de la dictature militaire et par l’aile la plus conservatrice des nouvelles églises évangéliques. Là-bas, le chef d’État ouvertement et violemment homophobe et misogyne a placé huit militaires dans son gouvernement, libéralisé le port d’armes et s’en est immédiatement pris aux populations autochtones. Aux Philippines, le président élu en 2016, Rodrigo Duterte, utilise une rhétorique du « nettoyage anti-drogue » pour attiser la violence à l’égard de tous ses opposants, dont les défenseurs des droits fondamentaux et des droits des populations autochtones.

En Inde, Narendra Modi et son parti nationaliste hindou ont à nouveau remporté, et de loin, les élections générales en mai 2019. Partout, des Amériques à l’Europe, de l’Asie jusqu’à la Russie de Poutine et la Turquie d’Erdogan, l’époque semble devenir celle des autocrates. Qu’ont en commun ces formes d’extrême droite ? La violence, rhétorique et réelle, le racisme, la discrimination à l’égard des minorités, la misogynie. De l’Espagne à l’Allemagne, de l’Europe de l’Est aux États-Unis et au Brésil, ce dossier vous fait traverser cette idéologie, certes relookée depuis les fascismes européens du 20e siècle, mais qui prospère sur les mêmes ressorts : la peur du déclassement ou du « remplacement », le creusement des inégalités, la brutalisation économique, la xénophobie, la faiblesse des utopies.

Lire le dossier du réseau Ritimo, réalisé en partenariat avec Basta!

En photo : membres de groupes d’extrême droite à Charlottesville, aux Etats-Unis, le 12 août 2017 / CC Rodney Dunning

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