Crise écologique

En Europe, la biodiversité se meurt

Crise écologique

par Nolwenn Weiler

On évoque le plus souvent les conséquences liées au changement climatique. On parle moins des effets de la réduction de la biodiversité, tout aussi catastrophique. Un nouveau rapport remis à Jean-Louis Borloo chiffre le coût de la disparition progressive des écosystèmes. En Europe, 800 espèces végétales sont menacées d’extinction totale et plus de 40 % de la faune est en danger. En France, un an et demi après le Grenelle de l’environnement, on attend encore la réaction des pouvoirs publics.

La diminution de la biodiversité serait tout aussi apocalyptique pour l’humanité qu’un réchauffement climatique de quelques degrés. Et il n’y a pas que les forêts tropicales ou l’Amazonie qui sont concernées. Un tout nouveau rapport de Bernard Chevassus-au-Louis, docteur en sciences, inspecteur général de l’agriculture et ancien directeur du Muséum d’histoire naturelle, a été remis au début du mois de mai à Jean-Louis Borloo. Suite logique du rapport du Britannique Nicholas Stern de 2006 qui chiffrait le coût du changement climatique, le rapport Chevassus-au-Louis propose d’évaluer la valeur (en euros) des services rendus à l’homme par les écosystèmes.

Une forêt française est ainsi estimée à 970 euros par hectare et par an, et celle d’un récif corallien à 8000 € (en moyenne) par hectare et par an. Le ministre de l’environnement, Jean-Louis Borloo a, semble-t-il, été inspiré par les 400 pages du rapport. Il a demandé à ce que l’on chiffre « l’inaction, comme l’a fait Nicholas Stern avec le changement climatique ». Il a aussi annoncé qu’il souhaitait voir naître un Giec (Groupe international d’experts sur le changements climatique) de la biodiversité d’ici 2010. Dans la foulé, il se pourrait aussi qu’une des promesses du Grenelle, à savoir la prise en compte de la protection de la biodiversité dans les projets d’infrastructures, soit tenue. Mieux vaut tard que jamais.

Mais le volet « actions concrètes immédiates et efficaces » n’est apparemment pas pour demain. La biodiversité est habituée aux grands discours, surtout sur le vieux continent. En 2001, au sommet européen de Göteborg (en Suède), un objectif très strict avait été fixé : arrêter le déclin de la biodiversité en Europe d’ici 2010... Résultats sur le terrain : aucun ! La biodiversité continue de s’appauvrir. Depuis 1950, l’Europe a perdu plus de 50 % de ses zones humides, et la plupart de ses terres agricoles à haute valeur naturelle. La plupart des grands stocks halieutiques se situent sous les limites biologiques de sécurité et sont donc insuffisants pour assurer un renouvellement des stocks à long terme. 800 espèces végétales sont menacées d’extinction totale et plus de 40 % des mammifères indigènes, des oiseaux, des reptiles ou encore des papillons sont en danger.