Mobilisation

Elle tourne, elle tourne la ronde des obstinés contre la privatisation progressive de l’Université

Mobilisation

par Agnès Rousseaux

Le Ronde infinie des obstinés tourne depuis plus d’un mois. 24h sur 24h, des enseignants-chercheurs, des étudiants et des citoyens se relaient sur la place de l’Hôtel de Ville à Paris, pour protester contre les réformes de l’Université, perçues comme un pas de plus vers la « rentabilité » du savoir, la « gestion managériale » de la connaissance et la privatisation. Qu’ils soient une poignée ou une centaine, la ronde ne s’arrête jamais. Un moyen de se rendre visible, d’engager la discussion avec les passants, et surtout de montrer à gouvernement autiste la détermination des universités en lutte.

© Corinne Donzaud

Plus de 2000 personnes ont déjà participé à cette initiative lancée le 23 mars. Depuis cette date, des rondes se sont créées dans d’autres villes universitaires. Pourquoi tournent-ils ? A quoi sert leur action ? Entretien avec quelques obstinés de la Ronde, qui sont loin d’avoir la tête qui tourne :

La Ronde Infinie des Obstinés : 1001 heures pour engager la résistance des universités

Dans la nuit du 3 au 4 mai, cela fera mille heures que des enseignants-chercheurs, des étudiants et des personnels des universités, tournent jour et nuit sur la place de Grève (place de l’Hôtel de Ville à Paris). Cette manifestation, qui a commencé le 23 mars, trouve son origine dans la contestation contre la loi LRU qui ne cesse de s’étendre depuis un an. Extrait du communiqué de la Ronde :

« Le principe de base de cette loi est de convertir les universités aux « bienfaits » d’une gestion managériale. Fin des directions collégiales, fin des commissions de spécialistes destinées à recruter les enseignants chercheurs, mais un président disposant de tous les pouvoirs, et répondant de tous les choix pédagogiques de son université devant le ministère. Une autonomie financière destinée à établir entre universités une concurrence farouche ; une orientation professionnalisante interdisant toute recherche innovante, toute prise de risque de la pensée. Cette année, les universités, dans leur grande majorité, sont entrées en lutte contre les premières mesures d’application de cette LRU.

La Ronde Infinie des Obstinés est un acte de résistance contre la marchandisation des savoirs, contre une société de la précarité généralisée, contre l’omnipotence d’un pouvoir qui ne connaît que le mépris et la répression comme mode d’expression. La ronde infinie des obstinés s’est inventée au fur et à mesure de sa persistance comme un lieu de rencontre et de synergie des luttes.

Nous invitons du dimanche 3 mai midi au lundi 4 mai midi tous ceux qui souhaitent participer par solidarité à notre obstination. De nombreux artistes ont déjà répondu à notre appel. Pour partager notre refus, il y aura des mots, de la musique, des gestes…. Cela ne sera pas une fête, mais l’intensification d’une action qui annonce celles à venir. » [1]

Ultimatum

Un ultimatum a été lancé au gouvernement le 16 mars 2009 par les chercheurs, enseignants, étudiants et personnels de l’Université Paris VIII :

« Nous enseignants-chercheurs, étudiants et personnels Biatoss en grève depuis le 2 février 2009 lançons solennellement un ultimatum aux ministres Valérie Pécresse et Xavier Darcos.

Nous exigeons, ainsi que le demande depuis 6 semaines la Coordination Nationale des Universités, le retrait de la loi LRU et du pacte de recherche, comme des mesures qui en découlent :

 Le retrait du projet de décret concernant les Enseignants-Chercheurs y compris dans sa dernière version

 Le retrait du projet de réforme de la formation et du recrutement des enseignants des écoles, collèges et lycées

 Le retrait des suppressions de postes statutaires à l’université et ce dès 2009, ainsi que le retrait de la réforme d’allocation des moyens financiers fondés sur une prétendue performance

 Le retrait du projet de contrat doctoral unique

 L’arrêt du démantèlement des organismes de recherche

Ces retraits sont pour nous un préalable pour pouvoir engager une véritable discussion et confrontation, dans une démarche d’Etats généraux des universités à mener en toute indépendance et qui prennent en compte l’ensemble des revendications portées par la mobilisation actuelle.

Si dans une semaine, soit le LUNDI 23 MARS, à midi, le gouvernement n’a pas pris en compte ces revendications, nous marcherons en Place de Grève jour et nuit.
Nous tournerons jour et nuit pour manifester notre obstination.
Nous marcherons sans fin car nous n’avons aucune intention de céder.

En Place de Grève, nous appellerons à LA RONDE INFINIE DES OBSTINÉS tous les personnels de l’éducation nationale, étudiants, lycéens, les parents d’élèves et tous les citoyens solidaires à nous rejoindre à toute heure du jour et de la nuit. »

P.-S.

La Ronde infinie des obstinés : le site

Notes

[1Contact : rondeinfinie @ gmail.com