Géo-ingeniérie

Climat : les apprentis sorciers sont de retour

Géo-ingeniérie

par Sophie Chapelle

Bill Gates en sauveur du climat ? Selon le Guardian, la deuxième fortune mondiale soutient financièrement deux scientifiques de Harvard qui s’apprêtent à tester au Nouveau-Mexique du matériel visant à injecter des minuscules particules dans la stratosphère. En agissant comme un miroir, ces particules réfléchiraient les rayons du soleil vers l’espace et garderaient la planète plus fraîche. Ce type d’expérience a un nom, la géo-ingénierie (Basta! vous en a déjà parlé).

Bill Gates aurait versé 4,6 millions de dollars au FICER, le Fonds pour les innovations dans le climat et la recherche dans l’énergie. Il aurait également investi des millions de dollars dans la société de géo-ingénierie Carbon Engineering dont le président, David Keith, dirige la compagnie pétrolière Canadian Natural Resources… Quoi de mieux en effet que la géo-ingenierie pour éviter d’avoir à prendre des mesures qui réduisent véritablement les émissions de gaz à effet de serre ?

Blocage des rayons du soleil

La communauté internationale a adopté en octobre 2011 un moratoire sur les activités de géo-ingénierie, avec une exception pour les expérimentations scientifiques à petite échelle, menées dans un environnement contrôlé et sous juridiction nationale. Pour apaiser la polémique, les deux chercheurs de Harvard assurent dans le New York Times que « les quantités de particules injectées seront si petites qu’elles n’auront aucun effet sur le climat ».

Ce type d’expérience « ne permettra en rien de diminuer le niveau de gaz à effet de serre dans l’atmosphère », estime le think tank canadien ETC Group. Au contraire, « le blocage des rayons du soleil pourrait causer d’importants dommages à l’environnement, notamment en favorisant l’émission de gaz à effet de serre additionnels dans l’atmosphère et en contribuant à changer les régimes climatiques, à réduire les pluies, à endommager la couche d’ozone, à appauvrir la biodiversité ». En octobre 2011, une cinquantaine d’organisations s’étaient mobilisées contre une expérience similaire au Royaume-Uni (lire leur appel). La pression citoyenne jointe à des différends sur les brevets avaient fini par faire reculer le gouvernement britannique.