Libertés publiques

Aux États-Unis, les Républicains légifèrent déjà pour réprimer durement les manifestations pacifiques

Libertés publiques

par Rachel Knaebel

Donald Trump n’était pas encore investi président des États-Unis que, depuis quelques semaines, les Républicains de plusieurs États du pays essaient de faire passer des lois pour réprimer très durement les manifestations de rue et blocages de voies publiques.

Début décembre, les Sioux de Standing Rock, dans le Dakota du Nord, ont remporté une importante victoire contre un projet d’oléoduc après avoir bloqué le chantier pendant neuf mois (voir notre article). C’est justement dans cet État du Nord des États-Unis que les Républicains viennent de déposer une proposition de loi : celle-ci autoriserait implicitement les automobilistes à renverser accidentellement les manifestants si ceux-ci bloquent une autoroute ! « Nonobstant toute autre disposition légale, le conducteur d’un véhicule automobile qui, par négligence, causerait des blessures ou provoquerait un décès à l’encontre d’une personne qui fait obstacle à la circulation des véhicules sur une voie publique, une rue ou une route, ne pourra être tenu pour responsable des dommages », propose le projet de loi n°1203 déposé à l’Assemblée législative de l’Etat, largement dominé par les Républicains. Le document a été révélé par The Intercept, le site d’information fondé par le journaliste d’investigation Glenn Greenwald.

Dans l’État voisin du Minnesota, une loi proposée par les Républicains début janvier envisage d’alourdir les amendes à l’encontre des personnes qui manifestent sur les autoroutes, et de relever à un an de prison les peines encourues pour avoir participé à ce type d’action. Des projets similaires ont été déposés dans les États de Washington et du Michigan.

Ces textes permettraient de réprimer plus durement les blocages et manifestations pacifiques comme celles des Indiens du Dakota du Nord, mais aussi celles du mouvement anti-raciste Black Live Matter, ou les futures protestations contre Trump. « Je pense que la motivation des Républicains pour proposer des telles lois est de satisfaire l’hostilité envers les mouvement Black Lives Matter dans les banlieues rurales et blanches qu’ils représentent », explique dans The Intercept l’avocat Jordan S. Kushner, qui a défendu des membres du mouvement antiraciste dans le Minnesota. Le but est de criminaliser les protestations et de décourager la dissidence. »

L’arrivée de Trump au pouvoir s’est déjà accompagnée d’une vague d’arrestations lors des manifestations contre son investiture à Washington vendredi 20 janvier. Le 21, des centaines de milliers de personnes ont défilé contre Trump à l’appel de la Marche des femmes sur Washington.