Hôpitaux

Après la mort de deux patients, les Urgences de Tours en grève illimitée

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par Nolwenn Weiler

Les agents hospitaliers manifestaient en rangs serrés ce mardi 22 mai, lors de la journée de défense des services publics. L’initiative a réuni des centaines de milliers de personnes dans près de 200 villes en France. Souffrant d’un sous-effectif chronique, les agents hospitaliers dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail, l’impossibilité d’exercer leur métier décemment et l’insécurité pour les patients. À Tours, les équipes des urgences de l’hôpital, soutenues par les syndicats CGT, FO, et SUD lancent une grève illimitée à partir d’aujourd’hui, jeudi 24 mai. Tous seront quand même au travail, puisque « assignés », c’est à dire obligés de prendre leur service afin d’assurer la sécurité des patients (lire notre article à ce sujet).

« L’effectif minimum, c’est l’effectif de tous les jours, décrit François Baudry, du syndicat Sud. Donc forcément, tout le monde sera assigné. » À Tours comme ailleurs, l’affluence des patients vers les urgences ne cesse d’augmenter et les fermetures de lits dans les autres services engendrent un goulot d’étranglement au sein des urgences. « Les conditions deviennent insupportables, pour les soignants et pour les patients », prévient François Baudry. En avril et mai, deux femmes âgées sont mortes dans la salle d’attente des urgences de Tours, allongées sur des brancards.

Aucune des solutions proposées par les soignants n’a été retenue par la direction

« Les collègues sont très choqués, évidemment. C’est un constat de réalité douloureux. Mais nous ne sommes malheureusement pas étonnés. Nous sommes en droit d’alerte depuis le 3 février 2017, ce qui indique que ni les agents, ni les patients ne sont protégés par la situation actuelle des Urgences. » Ces 18 derniers mois, trois CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) extraordinaires ont eu lieu pour évoquer la situation du service. Aucune des solutions proposées par les soignants n’a été retenue par la direction. Au contraire. La suppression des lits et des postes continue. « En cinq ans, on a perdu 10 % de nos lits : 100 sur 1200, avance François Baudry. D’ici fin 2019, ils prévoient de supprimer 133 nouveaux lits, et autant de soignants. Ils veulent aussi supprimer 130 postes côté administration, d’autres dans les services techniques et en logistique ! »

Les Urgences ne sont pas le seul service en souffrance à Tours. La pneumologie est également en grève, et la réanimation de nuit devrait s’y mettre d’ici peu tandis que le service des admissions vient de terminer un premier mouvement social. Beaucoup de personnels ont signé les appels à la grève, tous ne sont pas syndiqués, tous sont soutenus par le collectif « Notre santé en danger », qui réunit des usagers. Partout en France, et alors que 15 000 postes devraient être supprimés cette année dans les établissements publics de santé, le mouvement Hôpitaux en lutte prend de l’ampleur. Aux grèves et manifestations s’ajoutent des pétitions et blocages d’agences régionales de santé. À Rouvray, en Normandie, une grève de la faim a débuté mardi 22 après deux mois de grève illimitée.

Photo : « Marée blanche », le 15 mai 2018, à Paris / © Serge d’Ignazio