Droit au logement

Abrités à l’université par des étudiants, des migrants sont sommés de partir

Droit au logement

par Sophie Chapelle

Cela fait plus d’un mois qu’une cinquantaine de migrants, dont des mineurs et des familles, sont accueillis dans l’amphithéâtre d’une université lyonnaise. Expulsés le 10 novembre de leur campement derrière la gare de la Part-Dieu, ils ont été mis à l’abri par des étudiants dans un amphithéâtre de la faculté Lyon II à Bron, avec l’appui de professeurs et de personnels administratifs solidaires [1]. Mais le 20 décembre, face à la menace d’une intervention policière, le collectif de soutien « Amphi C » a conduit ces migrants dans un immeuble vacant depuis plusieurs années, propriété de la Métropole de Lyon [2]. « On a réussi à loger soixante personnes dans cet immeuble, mais quarante-cinq n’ont pas de place », témoigne Oriane, membre du collectif de soutien, contactée par Basta!. « En attendant de leur trouver une solution, des personnes les prennent en charge. »

Initialement, la présidence de l’université Lyon II avait déclaré tolérer cet accueil sur le campus, souhaitant qu’il se fasse dans les meilleures conditions possibles et assurant le non recours à la force publique en l’absence de solution pérenne [3]. La rencontre entre le collectif et la préfecture n’ayant pas abouti à une proposition de logement pérenne, au moins jusqu’à la fin de la trêve hivernale, la présidente de l’université a finalement obtenu une ordonnance l’autorisant à faire appel aux forces publiques pour expulser les familles, qui ont donc dû déménager dans l’autre lieu réquisitionné par le collectif de soutien.

Élan solidaire sur d’autres campus

Celui-ci considère que « la posture de la préfecture du Rhône est corrélative à la circulaire du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb du 13 décembre 2017, qui somme "d’assurer rapidement, systématiquement" l’éloignement des "étrangers en situation irrégulière avec fermeté" » (notre chronique à ce sujet). « La mobilisation cessera lorsqu’une proposition digne et pérenne sera faite au Collectif Amphi C et la contestation n’aura de fin que lorsque les droits humains seront pleinement respectés, sans aucune exception », insistent les membres du collectif.

D’autres initiatives similaires ont émergé, notamment à Grenoble où un amphithéâtre du campus est investi depuis le 4 décembre par des associations afin de mettre à l’abri une centaine de migrants qui dormaient dehors par des températures devenues négatives [4]. Une assemblée générale est prévue ce 21 décembre dans le logement réquisitionné à Villeurbanne « afin d’envisager collectivement les suites à donner à la lutte ».

 Une cagnotte a été lancée par le collectif de soutien « Amphi C » pour aider les réfugiés et sans-papiers, à subvenir à leurs besoins, à les aider dans leurs démarches, à leur apporter du soutien pour tenir, etc.

 Pour suivre la mobilisation sur les réseaux sociaux (@Amphi_C ou la page facebook « Amphi C solidaire »)

Photo de Une : © Amphi C

Notes

[1Plusieurs associations ont aussi apporté officiellement leur soutien, dont la ligue des droits de l’Homme, Agir Migrants, le GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Immigrés), l’Assolidaire et le CASAM (Collectif d’Accueil de Solliciteurs d’Asile en Moselle). Mais aussi AMIE, le Secours catholique, RESF, Médecins du Monde, la Croix rouge, la Cimade.

[2Situé 12 rue Baudin, dans le quartier Cusset à Villeurnanne, ce tènement qui abritera le futur collège de Cusset, comprend un immeuble d’anciens logements de fonction des sapeurs-pompiers, qui a déjà servi à mettre à l’abri des personnes en difficulté sous l’égide de l’Armée du Salut. Voir cet article ici et

[3Voir cet article de l’Humanité

[4Lire cet article du Monde