Inégalités

40% de revenus en plus pour les 0,01 % les plus riches

Inégalités

par Nolwenn Weiler

Pendant que les pauvres – 8, 6 millions de personnes sous le seuil de pauvreté monétaire (964 euros/mois) – ne cessent de voir leur niveau de vie baisser, les plus riches continuent de s’enrichir. La dernière enquête Insee sur les revenus fiscaux et sociaux révèle ainsi qu’ « en 2010, le niveau de vie baisse ou stagne pour pratiquement toutes les catégories de population sauf pour les plus aisées ».
Entre 1996 et 2010, le niveau de vie moyen des 10 % de personnes les plus aisées a augmenté d’environ 2,1 % chaque année, pour s’établir à 53 220 euros par an et par personne en moyenne.

Le niveau de vie moyen de l’ensemble de la population n’a progressé que de 1,4 % pendant la même période. Le salaire moyen des cadres augmente (en euros constants), en particulier dans le secteur financier, tandis qu’il diminue pour les ouvriers ! Quant aux revenus du patrimoine s’ils contribuent peu à l’évolution du niveau de vie de la majorité de la population, ils représentent jusqu’à 26 % du revenu disponible des 10 % de personnes les plus aisées.

Les cadres de la finance encore plus riches

Plusieurs raisons expliquent cette augmentation ininterrompue du niveau de vie des plus riches. D’abord la distribution toujours plus inégalitaire des salaires se double d’une augmentation de la part allouée aux dividendes. Celle-ci pesait 3 % de la valeur ajoutée en 1977, contre 8 % aujourd’hui. Selon une analyse du sociologue Olivier Godechot, citée par notre confrère d’Alternatives Économiques Thierry Pech [1], ce sont aujourd’hui les cadres dirigeants de la finance qui occupent les premières places parmi les plus riches. Il y a une trentaine d’années les capitaines d’industrie arrivaient en tête.

Un troisième facteur explique le décollage des hyper-riches : les orientations de la politique fiscale. « Depuis la tax revolt américaine[les mouvements anti-taxation et anti-impôts, ndlr] des années Reagan dans la décennie 1980, la plupart des pays développés ont baissé les impôts pesant sur les revenus et le patrimoine. Entre 2004 et 2007, tandis que les 90 % les plus modestes de la population voyaient leurs revenus déclarés augmenter de 9 % en moyenne, les 1 % les plus aisés connaissaient, eux, une hausse de 16 %, et les 0,01 % de 40 %. » Les 1% les plus riches déclarent au moins 88 200 euros par an et par personne, quand les 0,01% en déclarent au moins 732 300 euros (en 2008). La révolution fiscale à venir, promise par François Hollande, y changera-t-elle quelque chose ?

Notes

[1Alternatives Économiques Poche « Les inégalités en France » n° 056- septembre 2012. En vente en kiosque et sur le site du magazine Alternatives Économiques.