Solidarité

Liberté d’expression : 100 dessins pour exiger la libération de Jabeur, citoyen tunisien

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Il y a deux ans, le tunisien Jabeur Mejri a été condamné à 7 ans et demi de prison pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux des dessins jugés blasphématoires. Afin d’exiger sa libération, et alors que la Constitution tunisienne vient d’être adoptée, près de 100 dessinateurs ont participé à l’opération « 100 dessins pour Jabeur ». Une initiative à laquelle a participé Rodho, dessinateur et collaborateur de Basta!

Le citoyen tunisien Jabeur Mejri a été condamné en 2012, à 7 ans de prison pour avoir diffusé des caricatures du prophètes Mahomet sur sa page Facebook. Pour dénoncer cette situation et faire pression sur l’État tunisien, des dessinateurs de presse et des caricaturistes de plus d’une dizaine pays se sont rassemblés. Leurs créations, 100 dessins qui visent à défendre la liberté d’expression, sont publiés sur cette page.

Voici le communiqué du comité de soutien à Jabeur, à l’occasion de l’adoption de la Constitution tunisienne :

Après plus de 2 ans de travaux, la constitution Tunisienne de la deuxième République Tunisienne a été adoptée : un préambule et 149 articles qui ont coûté cher à la nation et qui ont fait couler beaucoup d’encre, de sueur et de sang.

Tout un chapitre est consacré aux libertés, avec une référence dès le préambule et 29 articles au total, dont notamment l’article 31 (*) qui garantit les libertés d’opinion, de pensée et d’expression.

Le maintien de Jabeur Mejri en prison pour avoir exprimé des idées sur un réseau social est aujourd’hui inconstitutionnel. Si des textes doivent venir préciser les modalités et les moyens de contrôle (article 49 (**)), l’esprit de la Constitution a été précisé par le Président de l’ANC dès le vote : « Une constitution qui exprime une aspiration permanente pour la liberté en vue de construire un Etat de droit et des institutions ». Ainsi, dans un Etat de droit, aucun citoyen ne pourra être inquiété pour ses idées et être emprisonné pour les avoir pacifiquement exprimé.

Maintenant, il faut plus que des promesses et une Constitution : il faut un acte fort !

Après les nouvelles promesses des derniers jours ouvrant la voie à l’espoir d’une libération imminente, après le vote de la Constitution, il est impératif que l’Etat garantisse nos libertés fondamentales et démontre sa détermination à le faire en libérant immédiatement Jabeur Mejri.

Rappelons que Jabeur Mejri est en prison depuis presque 2 ans. Pour avoir exercé pacifiquement son droit à la Liberté d’Expression, il a été condamné à une peine injuste et disproportionnée, de 7 ans et demi de prison et 1 200 DT d’amendes (cinq ans de prison et une amende de 1.200 dinars pour avoir publié et diffusé des écrits susceptibles de troubler l’ordre public, deux ans de prison pour offense à autrui via les réseaux publics de communication et six mois de prison pour outrage aux bonnes mœurs par le geste et la parole).

Nous, citoyens, internautes, militants des droits de l’Homme en Tunisie, considérons que ce jugement, au regard de ce qui précède est en violation totale avec les principes et le droit constitutionnels, dans un pays dont l’État est aujourd’hui garant des libertés fondamentales.

Nous appelons à un acte fort qui démontrera que l’Etat tiendra son rôle, nous appelons à la libération immédiate de Jabeur Mejri !

Pour en savoir plus : rendez-vous sur cette page.

Lire cet article de Rue89 sur la condamnation de Jabeur Mejri.

Dessins : Rodho et Soukaier Soudany