« Un très beau métier, un salaire de misère » : une accompagnatrice d'élèves en situation de handicap raconte - commentaires « Un très beau métier, un salaire de misère » : une accompagnatrice d'élèves en situation de handicap raconte 2020-08-06T14:00:51Z https://basta.media/un-tres-beau-metier-un-salaire-de-misere-une-accompagnatrice-d-eleves-en#comment10479 2020-08-06T14:00:51Z <p>Bonjour,<br class="autobr"> Je découvre votre site, et je tombe sur cet article, alors que je pensais me réorienter vers ce métier d'AESH ; un métier extraordinaire, qui demande tellement de compétences, mais mal payé car exercé en majorité par des femmes. Car on voit bien que plus un métier se féminise, plus il est précaire, mal payé (autrefois les instits étaient des hommes, et ils étaient respectés). Et comme dans beaucoup de domaines, l'Etat fait ce qu'il interdit au privé : un enchaînement de CDD, un statut précaire, sans reconnaissance officielle des compétences (mais l'Etat les utilise allègrement pendant des années). Je suis pour ma part professeur de FLE (français langue étrangère), encore moins connu et reconnu. Bac + 5 exigé pour moins de 1400 euros par mois (temps plein), et j'ai 18 ans d'expérience. Je ne vais pas développer ma situation personnelle, mais c'est un domaine où ces messieurs dames les décideurs peuvent être fiers de leur travail de sape mené depuis des années pour dévaloriser ce métier. Lorsque l'on est à l'étranger, on « représente » la France. Quand on rentre en France, rien n'est prévu pour nous. Et si on trouve un contrat en France, il faut faire un nombre d'heures de travail hallucinant (non rémunérées bien sûr) en dehors des heures d'enseignement inscrites dans le contrat. Année après année, les tâches s'alourdissent, avec comme prétexte que « ça fait partie du boulot ». Lors d'une grève, certaines universités ont fait apparaître sur les emplois du temps les heures effectuées par des enseignants contractuels, les étudiants étaient effarés. Ces abus ne se limitent pas à la sphère éducative. Si tous les contractuels de France s'arrêtaient de travailler, toutes fonctions confondues, ne serait-ce qu'un mois, ce serait le chaos (aide soignants, femmes de ménages, enseignants, agents administratifs de la CAF...). Les gens se rendraient compte du poids supporté par les contractuels. Mais nous sommes invisibles. A l'université, au bout de 3 ans, les RH jettent les profs contractuels de FLE pour en prendre d'autres, tout simplement, parce que (je cite), « sinon on doit vous proposer un CDI, et ça, c'est pas possible ». Mais pourquoi ce n'est pas possible puisqu'il y a des besoins ? Pourquoi l'Etat ne joue-t-il pas le jeu ? Et pour renouveler votre CDD (dans la limite des 3 ans), si vous n'avez pas été docile pendant l'année, oust… <br class="autobr"> Je réagis très rarement à un article, mais l'expérience de Sophie ne fait que confirmer le sentiment que j'ai depuis des années : une déconsidération, un dénigrement des compétences, voulus, organisés. Un système maltraitant qui nous prend pour des paillassons. Tout cela pour que d'autres, haut placés, et grassement payés, justifient leur poste « d'organisation ». Je ne les nourrirai plus. Je ne cautionnerai plus cela. Tant pis s'il faut vivre d'aides sociales jusqu'à ce que je trouve un boulot. C'est l'Etat qui pousse à cet état d'esprit. Je ne serai plus professeur de FLE, même si j'adore ce métier, car le privé ne traite pas mieux les enseignants dans le FLE (pourquoi le ferait-il ? Le privé prend exemple sur l'Etat...) Je ne me réorienterai pas non plus vers le métier d'AESH, au vu de l'expérience de Sophie (et d'autres). Je n'accepterai plus aucune fonction en tant que contractuelle, tout simplement. Les profs font beaucoup plus qu'enseigner, ils ont des compétences d'organisation, de gestion, d'évaluation, des capacités d'analyse, de synthèse, relationnelles. Mais tout cela n'est pas reconnu. Je prendrai donc n'importe quel boulot qui voudra bien de moi et que je pourrai faire physiquement, où je ferai 35 heures et où j'aurai mes soirées, mes nuits, mes week-ends, pour mes enfants et moi. En attendant, j'irai grossir les rangs des demandeurs d'emploi, mais cette fois sans culpabilité, car c'est l'Etat qui joue avec mon pain, c'est l'Etat qui me précarise. Le constat est amer.</p>