Conflit d’intérêt

Fodé Sylla, lobbyiste du nucléaire en Afrique

Conflit d’intérêt

par Agnès Rousseaux

En prévision du sommet de Copenhague, Jean-Louis Borloo, ministre du Développement durable, a confié le 19 novembre un travail à Fodé Sylla, ex-président de SOS Racisme et ancien député européen PS. Sa mission consiste à « appuyer l’action du ministre et entretenir les contacts avec les ministres africains de l’environnement » d’ici la conférence internationale sur le climat.

Le réseau Sortir du Nucléaire conteste fortement cette décision et demande son annulation, au motif que Fodé Sylla est salarié d’Areva depuis de nombreuses années : « Dans les faits, M. Sylla a pour mission de convaincre les dirigeants africains de soutenir les manœuvres des autorités française qui tentent de faire inclure le nucléaire dans les options favorables au climat ». Pour l’ONG, « il est intolérable qu’une mission de la diplomatie française soit littéralement fusionnée avec les intérêts de la multinationale Areva ».

Depuis 2007, Fodé Sylla est chargé de mission pour le développement économique en Afrique, pour l’entreprise Areva. Dans une interview accordée au site Afrik.com, il déclarait en 2007 : « La direction d’Areva est tout à fait consciente de qui je suis et le respecte tout à fait. Sa volonté de s’investir toujours plus dans les questions de développement économique et durable en Afrique, rejoint complètement mon ambition personnelle de venir efficacement en aide aux populations du Sud ». Il n’hésite pas d’ailleurs à déclarer qu’une « entreprise comme Areva a besoin de l’Afrique, et l’Afrique a besoin d’une entreprise comme Areva. Mon action et celle des équipes qui sont déjà à l’œuvre sur le terrain s’inscrivent, entre autres, dans le cadre d’un échange gagnant-gagnant. Tout le monde y trouve son compte. »

Un tel dévouement pour une entreprise qui procède au pillage de l’Afrique laisse songeur...
Difficile de ne pas s’inquiéter, avec le Réseau Sortir du nucléaire, du fait que Fodé Sylla ne soit « le pion avancé des autorités françaises pour convaincre les dirigeants africains de soutenir à Copenhague l’option nucléaire pour "sauver" la planète ».