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33 milliards pour les banques, rien pour la Sécu

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par Rédaction

20,1 milliards d’euros de déficit pour les quatre régimes de la Sécurité Sociale, dont 9,4 Milliards pour la branche Maladie. Telle est la prévision de la Commission des comptes de la Sécurité Sociale pour l’exercice 2009. C’est le double du déficit affiché en 2008.

Eric Woerth, ministre du Budget, a commenté ce chiffre lors d’une conférence de presse le 15 juin : « Ce déficit est le reflet exact de la crise économique que nous traversons. La chute de la masse salariale correspond notamment à un manque à gagner de 8 milliards d’euros. Sur les 20,1 milliards d’euros de déficit de la Sécurité sociale, 10 milliards sont directement liés à la crise. »
Le déficit ne serait-il donc plus la faute des assurés sociaux beaucoup trop « déresponsabilisés » ? Les solutions préconisées montrent que ce n’est pas le cas. En effet, Eric Woerth met en avant deux orientations martiales : la « lutte contre les abus » en matière d’arrêts maladie et la réduction des dépenses de transport sanitaire.

Le budget de la branche maladie (fixé par l’ONDAM - Objectifs Nationaux des Dépenses d’Assurance Maladie) en 2007 était de 147,8 milliards d’euros. Dont 7,3 milliards pour les Indemnités Journalières et 2,3 Md € pour les transports, soit 6,5% du total. Les réductions éventuelles sur ces deux postes seraient donc quoiqu’il arrive dérisoires par rapport à l’ampleur de la baisse des recettes. La crise est passée par là mais la logique reste donc la même : stigmatiser l’assuré social. Ce serait lui le responsable du déficit, il n’a donc pas à se plaindre de voir fondre ses prestations de Sécurité Sociale.

Le discours de Nicolas Sarkozy devant le congrès de la Mutualité française le 4 juin dernier était clair : « Les réponses concrètes que nous devons apporter aux besoins sociaux doivent donc être fondées soit sur la solidarité nationale, soit sur d’autres systèmes qui s’en inspirent, et bien sûr, sur la Mutualité française. Nous devrons faire des choix. Nous devrons identifier des sources de financement qui soient à la fois équitables et compatibles avec la croissance de notre économie. » Message bien compris par le monde mutualiste : les transferts de prestations de la Sécurité Sociale vers les assureurs complémentaires vont se poursuivre. Des assureurs qui pratiquent une individualisation du risque de moins en moins discrète et qui offrent des prestations de plus en plus « à la carte ». Ce qui revient mécaniquement à affaiblir la solidarité du régime général.

Au lieu de continuer la politique de déremboursement, il serait plus opportun de poser la question des recettes et de réfléchir au financement de ces chers « amortisseurs sociaux spécifiques à la France » tant loués par le gouvernement depuis le début de la crise économique. Mais cela fait tellement plus « parler-vrai » de vilipender l’irresponsabilité des assurés sociaux qui ont le mauvais goût d’être malades.

En parallèle, 33 milliards d’euros ont été injectés pour soutenir les banques françaises dans le cadre d’un plan de relance qui prévoyait de les aider à hauteur de 360 milliards.