Réchauffement

Avarice climatique des pays riches

Réchauffement

par Sophie Chapelle

La réunion des pays les plus gros émetteurs de CO2, regroupés dans le Forum des économies majeures (FEM), s’est achevée le 27 mai à Paris. Ce Forum regroupe seize pays, responsables à eux seuls de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Les États-Unis se seraient engagés à réduire de 6 % leurs émissions d’ici 2020 par rapport à leur niveau de 1990. Un objectif très largement insuffisant pour Sébastien Godinot, des Amis de la Terre : « Pour avoir 50 % de chances seulement de rester en deçà d’une élévation de 2°C de la température mondiale, l’objectif doit être d’au minimum 40 % d’ici 2020, sans avoir recours à des réductions d’émissions faites à l’étranger qui nous dédouanent de nos responsabilités et sont plus difficilement contrôlables. » L’Union européenne elle-même en reste à un objectif de réduction de 20 %, voire 30 % si un accord international a lieu.

L’association altermondialiste Attac rappelle de son côté que les réunions du FEM - qui se tiennent à huit-clos... - sont un lieu où se négocient des engagements hors de tout cadre démocratique. La reconnaissance de la dette écologique des pays du Nord vis à vis des pays du Sud « suppose des politiques différenciées qui ne peuvent être négociées que dans le cadre des Nations Unies. » On ne peut en effet demander que l’Afrique du Sud ou l’Inde déploient les mêmes efforts à court terme que les Etats-Unis ou l’Union européenne. « Cela suppose également des transferts financiers et technologiques très importants que les firmes transnationales, détentrices des brevets, tentent de freiner pour ne pas voir éroder leur position dominante sur le marché des nouvelles technologies environnementales », indique Attac.

Lors de cette réunion, le Mexique aurait proposé « un fonds mondial vert » alimenté par des contributions versées par tous les pays du monde – sauf les plus pauvres – et calculées selon les émissions historiques de gaz à effet de serre, les émissions actuelles et le PIB, proposition qui aurait été acceptée. La prochaine rencontre du Forum des économies majeures aura lieu à Mexico les 22 et 23 juin prochains. L’occasion, peut-être, de traiter des modes de financement de ce fond, alors que les pays africains estiment qu’ils auront besoin de 267 milliards de dollars par an jusqu’en 2020 pour lutter contre le réchauffement climatique.