Précarité

Un million de chômeurs en fin de droits en 2010

Précarité

par Agnès Rousseaux

Un million de demandeurs d’emploi vont se trouver en fin de droits avant fin 2010 en France. Une situation intenable, d’autant que 60 % d’entre eux ne bénéficieront plus d’aucune indemnité. Seuls 38 % devraient être éligibles aux minima sociaux, comme le RSA ou l’Allocation spécifique de solidarité (ASS, environ 460 euros par mois). Ces allocations dépendent non pas de la situation de la personne concernée mais des ressources du foyer. Une personne dont le conjoint travaille ne peut espérer être éligible. 600.000 chômeurs deviendront donc dépendants de soutiens familiaux. Ce qui aura pour conséquence évidente la montée de la pauvreté en France.

En 2009, 850.000 personnes se sont trouvées en fin de droits, selon les chiffres de Pôle Emploi. 149.000 d’entre eux ont pu toucher l’ASS versés par l’État. Pour la CGT, il est essentiel d’élargir l’accès à l’ASS en 2010. Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat à l’Emploi, affirme que c’est aux partenaires sociaux de prendre leurs responsabilités. Mais le patronat renvoie la balle au gouvernement, déclarant par ailleurs avoir besoin de « plus d’éléments pour y réfléchir ».

Cette augmentation du nombre de personnes en fin de droits pourraient avoir des conséquences en terme de baisse du nombre de chômeurs comptabilisés par le Pôle Emploi. De quoi arranger Nicolas Sarkozy, qui a déclaré lundi dernier que le chômage allait reculer « dans les semaines et les mois qui viennent ». Il s’appuie notamment sur la baisse du nombre de chômeurs de 18.000 personnes en décembre. Mais celle-ci ne prend en compte que les demandeurs d’emploi en catégorie A, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas travaillé du tout pendant le mois. Comme le souligne le mensuel Alternatives économiques, « si on prend en compte les chômeurs des catégories A, B et C (c’est-à-dire aussi ceux qui ont travaillé quelques heures dans le mois) la hausse est cette fois de 8 600 chômeurs ».

Et si on tient compte des autres catégories, non considérées comme chômeurs, comme les personnes en stage, en Contrat de transition professionnelle, en Convention de reclassement personnalisé, ou en emplois aidés, nous assistons à une « hausse des inscrits de 36 800 personnes en décembre, davantage qu’en novembre et dans la ligne des hausses mensuelles des cinq dernier mois... »

Un sondage Ifop pour Sud Ouest Dimanche montre par ailleurs qu’une grande majorité (77 %) des Français ne croient pas à cette baisse du chômage à court terme. Ils sont 57 % de sympathisants UMP à partager cet avis. Et donc à ne pas croire les affirmations du président Sarkozy.