Crise du logement

La grande arnaque

Crise du logement

par Françoise Galland

On avait connu les maisons Borloo à 100 000 euros. Voilà les maisons Boutin à 15 € par jour ! Pour combien d’heureux propriétaires ? Dix pour la première formule, deux ou trois pour la seconde ? Peut être plus, mais de toute façon, pas de quoi résorber l’énorme crise du logement social.

Ces annonces visent en fait à symboliser la politique gouvernement : la France doit devenir un pays de propriétaires, pas un pays de locataires. Cette idée n’est pas nouvelle. Elle date des années 70, fin de la période de reconstruction et début d’une crise économique liée au premier choc pétrolier. Il s’agit, et gauche comme droite sont d’accord sur ce projet, de faire prendre en charge le logement par l’épargne des salariés : les incitations se succèdent, avec les plans d’épargne, les aides à la pierre, les prêts à bas taux, la vente des HLM aux locataires. Pendant des années, les gouvernements successifs déploient tout un arsenal de mesures pour arriver à leurs fins.

Le résultat n’est pas au rendez-vous. Dès 2000, la fondation Abbé-Pierre alerte sur l’ampleur de la crise : 3 millions de familles sont mal logées – le nombre des sans domicile fixe augmente – , les familles ayant des jeunes enfants quittent les centres villes pour aller en périphérie, où elles s’endettent pour acheter une ou deux voitures.

En quarante ans, le déficit de logement social devient abyssal.

Mais le gouvernement s’entête. Et à ceux qui vivent dans ce qu’on appelle pudiquement des locaux techniques (caves, cagibis à poubelles ou à vélos), à ceux qui n’ont pas d’autre choix que de partager un appartement à trois ou quatre familles, à ceux qui se terrent dans des hôtels, il dit : « Eh bien, achetez donc votre logement » !

Françoise Galland, journaliste