Dérapage syndical

La FNSEA expulse des gens du voyage avec du lisier

Dérapage syndical

par Agnès Rousseaux

Opération « Récupérons nos terres ! ». Le 17 juin, une cinquantaine d’agriculteurs et d’élus locaux sont venus « déloger » des familles de gens du voyage, qui occupaient un bout de terrain d’une exploitation agricole, dans le canton de Houdan. Avec une méthode pour le moins expéditive : ils y ont déversé du lisier.

Cette action était organisée par la Fédération départementale des Syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) des Yvelines et la Chambre d’agriculture d’Ile-de-France. « La prise en otage régulière de l’outil de travail des agriculteurs contraint ceux-ci à réagir », explique le communiqué du syndicat, qui appelait à venir « soutenir l’exploitant agricole envahi par les 70 caravanes qui se sont appropriées l’espace ». En déversant « 3 citernes de lisier de 10 mètres cube chacune ».

Les caravanes étaient installées depuis une quinzaine de jours sur une parcelle en friche. Mais le campement avait empiété sur des zones cultivées. Un arrêté d’expulsion avait été pris. Ce qui n’empêche pas le syndicat de dénoncer, « une fois de plus », « l’inertie de l’administration, qui ne remplit pas son rôle de protection de la propriété privée et qui, par là même, cautionne la transgression des lois. »

C’est à l’État et aux collectivités locales de gérer la situation, répondent des associations travaillant avec les gens du voyage [1]. Et non à une organisation syndicale de « jouer les auxiliaires de police en faisant justice elle-même », par une action « moralement scandaleuse et syndicalement irresponsable » [2]. Une telle réaction contre les gens du voyage ne fait « qu’exacerber la haine dans notre société et terni l’ensemble de la profession agricole », dénonce le collectif. La FNSEA, et son président Xavier Beulin, n’ont pas commenté ce dérapage syndical.

Notes

[1Minga, URAVIF (Union régionale des associations pour la promotion et la reconnaissance des droits des Tsiganes et Gens du voyage en Île-de-France) et HALEM (Habitants de Logements Éphémères ou Mobiles). Lire leur communiqué.

[2Ce type d’action a malheureusement des précédents. Lire ici.