Santé publique

Trafic de pesticides et trafic de drogues, même combat ?

Santé publique

par Sophie Chapelle

Fin février, les agents de l’Office national de la chasse et les gendarmes ont mis fin à un trafic de pesticides illégaux en Midi-Pyrénées. Une molécule interdite et mortelle – le carbofuran – était importée clandestinement d’Espagne, causant des ravages parmi la faune sauvage [1]. Le trafic de pesticides est un marché lucratif et en pleine croissance. Dans plusieurs pays européens, plus du quart des produits phytosanitaires en circulation proviennent de réseaux illégaux, estimait Europol. D’après cette organisation chargée de faciliter l’échange d’informations entre les polices au sein de l’Europe, ce commerce serait organisé par des réseaux criminels très structurés et professionnels. « Les trafiquants ont développé des réseaux d’approvisionnement complexes, et se servent de certaines entreprises pour camoufler leurs activités », déclarait Europol il y a un an.

Le faible risque [2] combiné à un bénéfice élevé ferait du trafic de pesticides « un secteur à croissance rapide de la criminalité organisée ». Qui générerait plusieurs milliards d’euros de bénéfices par an, selon Europol. « Par son organisation, le marché des pesticides illégaux peut être comparé au marché des stupéfiants », souligne Ulrich Vollmer, de l’Association of European Businesses, qui regroupe des entreprises européennes et russes.

Ces molécules toxiques contrefaites, achetées 5 à 10 % moins cher que les substances autorisées, menacent directement la santé des agriculteurs, des consommateurs et de l’environnement. La France est au cœur de ce trafic. 60 % des rivières et 45 % des nappes phréatiques du quart sud-est de la France sont polluées par six pesticides interdits depuis 2003, rapporte l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée et Corse. « Leur présence dans les eaux courantes est la preuve d’un usage actuel, bien qu’illicite », ajoute t-elle. Face à cette déferlante de pesticides illicites, 700 événements à travers toute la France sont planifiés du 20 au 30 mars dans le cadre de la semaine pour les alternatives aux pesticides.

Notes

[1Lire l’article du Parisien.

[2La contrefaçon est punie de trois ans de prison et 300 000 € d’amende. Pour une mise sur le marché d’un produit interdit, il en coûte deux ans d’emprisonnement et 75000 € d’amende.