Désobéissance

Convois nucléaires : fin de la liberté d’expression ?

Désobéissance

par Sophie Chapelle

300 000 colis de matières radioactives circulent annuellement en France, dont 750 concernent des transports de matières hautement radioactives. Le 23 novembre 2011, près de Valognes (Manche), 800 personnes ont tenté d’entraver le départ d’un train « Castor », un convoi de déchets vitrifiés hautement radioactifs à destination du site de stockage de déchets de Gorleben, en Allemagne. Ralenti tout le long de son trajet, le train nucléaire avait mis plus de 5 jours pour parcourir 1 200 km.

Ce 9 octobre, trois militants qui s’étaient exprimés devant les médias se retrouvent sur le banc des accusés. La SNCF leur reproche d’avoir appelé explicitement à perturber le convoi. L’entreprise leur demande 163 000 euros de dommages et intérêts pour « incitations directes ayant provoqué un attroupement sur la voie publique », « organisation de manifestation interdite » et « complicité de destruction de biens d’autrui ».

« Aujourd’hui, le système grâce auquel le nucléaire perdure depuis tant d’années cherche à fabriquer des coupables : ceux qui à l’époque se sont exprimés publiquement pour porter une parole collective, pour rendre audibles les raisons et la légitimité de s’opposer au nucléaire », interpellent dans un communiqué commun le réseau Sortir du nucléaire et le syndicat Sud-Rail. Selon la plainte, le rôle qu’ont joué les inculpés dans les médias prouverait leur implication dans le collectif « Valognes Stop Castor » et les rendrait responsables de l’organisation du campement, de la coordination des actions sur le terrain et, par là-même, des dégradations.

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