Consommation

Peut-on encore manger sans OGM ?

Consommation

par Nolwenn Weiler

Interdits de culture en France, les OGM se retrouvent pourtant dans les assiettes des consommateurs via l’alimentation animale, friande de soja transgénique importé. Malgré les pressions du lobby agro-alimentaire, une petite victoire de transparence vient d’être obtenue. La mention « sans OGM » pourra désormais être accolée sur les produits qui en contiennent moins de 0,1%.

Interdits de culture en France depuis 2008, les OGM sont présents dans nos assiettes via l’alimentation des animaux que nous mangeons : 80% des 4, 5 millions de tonnes de soja importé chaque année du Brésil pour nourrir les porcs et volailles (non bio) sont transgéniques ! Ce « détail » est rarement connu des consommateurs. Pour s’assurer de ne pas manger d’OGM, dont les risques sanitaires sont pointés du doigt par une toute récente étude, les consommateurs peuvent acheter bio. Des guides régionaux (en Bretagne, Normandie, Pays-de-la-Loire et région Centre) recensent par exemple les points de vente et producteurs commercialisant de la viande, et autres produits issus d’animaux nourris sans OGM. Greenpeace propose également un guide des produits avec ou sans OGM (consultable ici).

Depuis le début de l’été, tous les consommateurs français peuvent bénéficier de cette transparence. Un décret, rédigé en janvier par le précédent gouvernement et publié le 1er juillet dernier, autorise la mention « sans OGM » sur les produits qui n’en contiennent pas. L’Allemagne, l’Autriche et l’Italie pratiquent déjà cet étiquetage spécifique. Des millions de macarons verts « nourri sans OGM » pour les viandes ou « issu d’animaux nourris sans OGM » pour le lait, les œufs, et les produits transformés ornent d’ores et déjà les rayons des magasins de l’hexagone. Une mention « sans OGM dans un rayon de 3 km » est prévue pour les ingrédient issus de l’apiculture.

Pourquoi un seuil de 0,1% d’OGM

Le seuil de détection retenu, pour obtenir cette mention est de 0,1% d’OGM, un seuil préconisé par le Comité économique éthique et social du Haut Conseil des Biotechnologies (HCB). C’est une petite victoire contre le lobby pro-OGM, qui s’est battu pour que le seuil de détection soit plutôt de 0,01%. Ce qui aurait rendu l’étiquetage inopérant. Les OGM étant présents de fait en Europe, une contamination est toujours possible. Peu d’enseignes ou de producteurs auraient alors pris le risque d’un déclassement de leurs produits suite à un contrôle qui aurait repéré des traces d’OGM au-delà de 0,01%.

Il n’ y a pas qu’en Europe que l’information des consommateurs effraie les vendeurs d’OGM. Aux États-Unis, les rayons californiens pourraient voir débarquer très prochainement des étiquettes avec la mention « contient des OGM ». Soumise à l’avis des électeurs de Californie en novembre prochain, la décision pourrait faire tâche d’huile. Au sein des multinationales de l’agroalimentaire, c’est la panique ! Mais pourquoi, au fait, puisque les OGM sont tellement inoffensifs ?

Nolwenn Weiler