Santé publique

Interdiction du mercure : les dentistes divisés

Santé publique

par Sophie Chapelle

17 à 18 tonnes de mercure continuent d’être placées chaque année sur les dents des Français, sous forme de plombages et d’amalgames pour soigner les caries. Un paradoxe alors que cette substance est classée comme déchets dangereux par la Commission européenne.

Des négociations internationales sur la réduction de l’emploi du mercure sont d’ailleurs en cours. Elles devront aboutir en janvier 2013. Plusieurs industries ou techniques d’extraction – comme l’orpaillage par exemple, source de pollutions au mercure dans les rivières – sont concernées. La polémique monte désormais chez les dentistes.

Le Conseil national de l’ordre des dentistes et l’Association dentaire française viennent de publier une lettre dans le bulletin de l’Ordre [1]. Ils demandent à Marisol Touraine, ministre de la Santé, de s’opposer « à toute mesure visant à interdire ou limiter l’utilisation de l’amalgame dentaire ».

De nombreux chirurgiens-dentistes ne partagent pas cette position. En réponse, ils viennent de rédiger une lettre ouverte en forme de pétition. Ils estiment que « la pollution au mercure dentaire est préjudiciable à la fois à l’environnement (et, par suite, à la santé de la population) et à la réputation de [leur] profession ». « Comment justifier qu’elle seule continue de dispenser du mercure quand tous les autres secteurs sont contraints d’en limiter drastiquement ou d’en cesser l’usage ? », interrogent-ils. Les signataires en appellent au principe de précaution. Rappelons que le mercure est un neurotoxique et perturbateur endocrinien (lire notre article).

« Compte tenu des préoccupations environnementales et des questions émergentes relatives aux conséquences de la multi-exposition et aux effets des faibles doses, […] les autorités françaises ne s’opposent pas à une suppression des amalgames au mercure dans le traitement de la maladie carieuse », écrivaient les ministères de l’Environnement et de la Santé en mars 2012 [2]. La France tournera-t-elle la page du mercure dentaire ?