Démocratie

Cumul des mandats : comment s’en désintoxiquer ?

Démocratie

par Nolwenn Weiler

Le cumul des mandats ? Une spécialité très française, qui fait de notre Parlement le plus vieux d’Europe ! Les dernières élections n’ont rien changé : 75 % des députés élus en juin 2012 ont plus d’un mandat. Ils ne sont que 139 à n’en avoir qu’un seul. 33 – dont 9 UMP et 14 socialistes – en ont même quatre, soit le maximum prévu par la loi ! Conséquences : une dispersion sur les grands dossiers, le non renouvellement du personnel politique, un manque de représentativité, des conflits d’intérêts entre Parlement national et collectivités locales, la constitution d’une oligarchie de notables...

Le PS tente bien de résoudre le problème. Selon la circulaire nationale 1382, envoyée aux fédérations et aux parlementaires socialistes en juin 2011 et fixant les règles pour les législatives de 2012, les cumulards ont jusqu’à la fin du mois de septembre pour abandonner leurs postes exécutifs. Combien, sur les 199 députés concernés, ont respecté cet engagement ? Impossible de le savoir.
« Comment des députés peuvent-ils renier leur engagement trois mois après leur élection ? C’est tout bonnement incroyable », lâche un ancien ministre socialiste, cité par Le Canard enchaîné.

Un député non cumulard, 70% plus actif que les autres

Pour décrocher, les cumulard(e)s peuvent aller consulter Cumul Info service, un site web qui propose diverses méthodes de désintoxication. Dans la rubrique « Je me motive », on trouve ainsi des arguments du type « pour accomplir leur tâche parlementaire, l’activité des "simples députés" est environ 70 % plus élevée que celle de leurs collègues qui sont aussi maire d’une ville de plus de 30 000 habitants ou président d’un exécutif local ». Il y aussi des analyses d’experts éclairantes sur les méfaits du cumul pour la démocratie, ainsi que des témoignages de personnes ayant réussi à se désintoxiquer.

« Jean-Claude G., 23 ans de cumul et le sens des autres, » confie par exemple : « Je leur avais promis avant les élections, et une fois que j’ai été élu, je me devais de passer à l’acte. Je pense aussi aux jeunes élus : je ne veux pas qu’ils commencent à cumuler et deviennent dépendants comme moi je l’ai été. Or comment les aider à ne pas commencer si moi-même je cumule ? Bref, je suis très content de cette décision. J’avais souvent tenté d’arrêter de cumuler, mais à chaque fois je me faisais avoir et je me représentais. Aujourd’hui, grâce à Cumul-Info-Service, j’ai le sentiment qu’on part, tous ensemble, sur la bonne voie. » Bientôt des réunions d’anciens cumulards anonymes ?