Espagne

La révolte des mineurs contre la fin du charbon

Espagne

par Agnès Rousseaux

La marche « noire » des mineurs espagnols est arrivée à Madrid. Partis le 22 juin du nord du pays, ils ont parcouru plus de 400 kilomètres en trois semaines. En grève depuis deux mois, ils demandent le maintien des aides au secteur du charbon. Celles-ci ont diminué de 63 % en 2012 [1] par le gouvernement espagnol. Une décision qui menace, selon les syndicats, environ 30 000 emplois directs ou indirects. En Espagne, 8 000 personnes travaillent dans une quarantaine de mines encore en activité.

Le charbon espagnol, plus cher que le charbon importé, dépend des aides de l’État. La décision de les amputer a été prise sous la pression de l’Union européenne, qui souhaite la fin des aides publiques au secteur minier d’ici à 2018, afin de rediriger ces soutiens financiers vers des énergies propres et renouvelables. Paradoxe : l’Europe cesse de soutenir ses mines, alors que les distributeurs d’électricité se sont temporairement tournés vers le charbon pour compenser, notamment, la décision de l’Allemagne de se passer du nucléaire. La France a fermé ses mines en 2004. Mais le secteur houiller emploie, de manière directe ou indirecte, encore 100 000 personnes en Europe.

La lutte des mineurs espagnols illustre parfaitement la nécessité de penser socialement la transition énergétique et écologique. Et la reconversion de salariés qui travaillaient et vivaient d’une industrie très polluante. La situation des « gueules noires » semble compliquée. Le 6 juillet, ils ont coupé pendant plusieurs heures l’autoroute A66, qui relie la province des Asturies à celle de Léon. La violence des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre est montée d’un cran, faisant plusieurs blessés. Après une marche nocturne mardi soir à Madrid, une manifestation est prévue mercredi devant le ministère de l’Industrie. Les mineurs veulent s’installer sur la place Puerta del Sol, comme les Indignés l’an dernier. Le gouvernement a déjà prévenu qu’il ne les laisserait pas occuper la place. Le bras de fer risque de durer.

Notes

[1De 301 millions d’euros en 2011 à 111 millions cette année.