Mobilisation

Pour un « vrai 1er mai » !

Mobilisation

par Jean-Philippe Milesy

Qu’est-ce que le « vrai travail » que comptent célébrer Sarkozy et l’UMP ? Est-ce celui accompli par un honnête travailleur, prêt à consentir tous les sacrifices de temps et de salaire au nom des accords de compétitivité ?

Sous l’Occupation, le régime de Vichy avait, une première fois, transformé la fête que s’étaient donnée les travailleurs en une Fête du travail sous le patronage de saint Joseph. Que veut-on faire cette année en célébrant, au Champ de Mars, le « vrai travail » ? Est-ce la question qui est sous cette forme dérangeante ? Ou bien l’idéologie qu’elle sous-tend qui amène à se la poser ? Qu’est-ce en effet que le « vrai travail » dans l’esprit de ses promoteurs ? Est-ce celui sagement accompli par l’honnête travailleur qui a résisté aux « odieux » syndicats et qui ne défilera donc pas donc pas le même jour sous leurs bannières ? Un honnête travailleur qui est prêt à consentir tous les sacrifices de temps et de salaire au nom des accords de compétitivité ?

Petit, j’ai lu La Fortune de Gaspard de mon aïeule la très réactionnaire comtesse de Ségur. Est-ce là le modèle de la France moderne ? Cruel retour en arrière !

Et puis il y a cette dénonciation des chômeurs indemnisés, des « RSAstes » qui ont succédé au RMIstes. C’est paradoxal de la part d’un dirigeant expliquant tout par la crise que de culpabiliser ceux qu’elle précipite dans la précarité et le chômage. Mais ce discours n’est il pas celui tenu aussi à l’extrême droite ?

L’ensemble des syndicats, dans leur diversité, ont porté un regard critique sur les cinq ans qui viennent de s’écouler. Le passage en force sur les retraites, la dénaturation du dialogue social, le sacrifice des salaires au profit des dividendes (on pourra lire le communiqué de Solidaires sur l’élection présidentielle et l’appel de la CGT pour le 1er mai).

Alors il y aura bien, dès 14 heures entre Denfert-Rochereau et Bastille, un « vrai 1er mai » faisant écho à l’appel intersyndical : « Satisfaire les revendications pour le progrès social ». Si des dirigeants et des militants politiques et associatifs s’y joignent, loin de dénaturer le sens de la manifestation, ils marqueront l’attachement qu’ils portent aux « corps intermédiaires » décriés par le président sortant et une volonté commune de transformation sociale partagée par de très nombreuses forces au sein de l’économie sociale et solidaire.

Jean-Philippe Milesy / Rencontres sociales