Santé

Pressing : vers l’interdiction du « perchlo » ?

Santé

par Sophie Chapelle

Le perchloroéthylène, puissant neurotoxique, vit ses dernières heures en France. Ou plutôt ses dernières années. Le 19 avril, une délégation du Réseau environnement santé (RES), de l’association Générations futures et de l’Association des victimes des émanations de perchloroéthylène des pressings (ADVEPP) a été reçue par le directeur général de la Santé. Celui-ci a annoncé que le perchlo serait, dans un premier temps, interdit dans les nouveaux pressings ouvrant à proximité d’habitations. Les établissements qui présentent un risque pour les riverains (contamination supérieure à 1 250 microgrammes par m3) seront fermés immédiatement. À partir de janvier 2014, les installations vieilles de plus de quinze ans devront cesser leur activité. En 2018, ce sera le tour des pressings ne disposant pas de la certification NF. Enfin, en 2022, le perchlo sera banni de toutes les laveries, quels que soient leur label et leur ancienneté.

Le perchlo est-il interdit ailleurs ?

Le perchloroéthylène sera donc très progressivement retiré. L’interdiction totale n’est pas pour tout de suite bien que cette substance soit classée depuis 1995 comme « cancérogène probable » par l’Organisation mondiale de la santé. L’Agence de protection environnementale des États-Unis a d’ores et déjà adopté plusieurs règlements afin d’éliminer l’utilisation du perchlo dans les installations de nettoyage à sec situées dans des immeubles résidentiels d’ici à 2020. La Californie a également pris les devants en décidant de supprimer l’utilisation de cette substance dans tous les établissements de nettoyage à sec d’ici 2023. Au Danemark, le tétrachloroéthylène, l’autre nom donné au perchloroéthylène, est inclus par l’Agence de protection de l’environnement sur sa « liste de
substances indésirables » pour ses effets cancérogènes (voir la liste). Cette liste n’a pas de statut juridique mais constitue un signal à l’industrie pour éviter, autant que possible, l’utilisation de ce produit chimique.

En France, les mesures promises par la direction générale de la Santé ne répondent pas à l’ensemble des demandes des associations, qui aspiraient à ce que « la norme définie par l’agence de Protection de l’environnement des États-Unis à 40 µg/m3 soit prise en compte en France ». Les associations se félicitent cependant « du changement radical de la politique du ministère de la Santé, qui ne défend plus l’usage contrôlé du perchlo mais accepte le principe de son remplacement ». Le projet d’arrêté ministériel sera soumis cet été à la signature du prochain ministre de l’Écologie. D’ici là, le RES, l’ADVEPP et Générations futures appellent les riverains et les travailleurs des pressings à se manifester auprès des agences régionales de santé et des préfectures pour obtenir un contrôle de leur contamination.