Crimes environnementaux

Marées noires : après le golfe du Mexique, la baie de Rio ?

Crimes environnementaux

par Sophie Chapelle

De nouvelles fuites d’hydrocarbures ont été détectées sur un forage pétrolier appartenant à Chevron, au large de Rio de Janeiro (Brésil). Chevron et son prestataire Transocean – responsable avec BP de la catastrophe écologique dans le golfe du Mexique – sont poursuivis par la justice brésilienne.

La multinationale pétrolière Chevron a officiellement suspendu ses activités au Brésil depuis le 19 mars. Deux jours auparavant, une nouvelle fuite sur un forage a été décelée au large de Rio de Janeiro. Le groupe pétrolier a d’abord affirmé que cette fuite était due à des fissures d’origine naturelle dans la plaque océanique, et non aux forages. Mais les enquêteurs brésiliens soupçonnent le pétrolier d’avoir voulu forer à 7 600 mètres de profondeur pour atteindre d’autres réserves de brut, et d’avoir ainsi falsifié les déclarations faites aux autorités brésiliennes.

L’ombre de Deepwater Horizon

Au large de Rio, Chevron est associé au leader mondial du forage en haute mer, le groupe Transocean. La firme est domiciliée dans le canton de Zoug, en Suisse, l’un des paradis fiscaux les plus avantageux. Transocean était le prestataire de BP pour le forage de Deepwater Horizon, dans le golfe du Mexique, où une explosion avait tué 11 employés et provoqué le désastre écologique que l’on sait. En neuf ans, la plateforme n’avait jamais subi aucun contrôle technique.

Un passif qui a peut-être forcé Chevron à prendre ses précautions. La décision de suspension intervient alors que 17 cadres et employés de Chevron et Transocean, dont 2 Français, font l’objet d’une interdiction de sortie du territoire. La justice brésilienne poursuit les deux multinationales pour avoir provoqué une marée noire en novembre 2011 équivalente à 3 000 barils de pétrole brut.

Accusés de crimes environnementaux, les 17 employés risquent une amende d’un million de reals chacun (415 000 euros). Le président de Chevron au Brésil, l’Américain George Buck, encourt une peine maximale de plus de 30 ans de prison. Chaque entreprise impliquée pourrait être amenée à verser 10 millions de reals (4,15 millions d’euros). En novembre dernier, Texaco, filiale de Chevron, avait déjà été condamné par la justice équatorienne à payer 13,6 milliards d’euros. La fin de l’impunité pour les pétroliers ?

Sophie Chapelle

Photo : Wikimedia Commons