Nanotechnologies

Les nanoparticules peuvent endommager le cerveau

Nanotechnologies

par Agnès Rousseaux

Les nanoparticules de dioxyde de titane sont présentes dans les peintures, les cosmétiques, les crèmes solaires ou les revêtements autonettoyants. Le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a publié le 16 octobre une étude qui révèle que ces particules sont capables d’altérer ou de briser la barrière hémato-encéphalique qui protège notre cerveau. L’exposition chronique à ces nanoparticules « pourrait entraîner leur accumulation dans le cerveau avec un risque de perturbation de certaines fonctions cérébrales », précise le CEA. Et la présence de nano-TiO2 peut provoquer « une inflammation cérébro-vasculaire ».

Des études ont déjà montré la capacité des nanoparticules d’oxyde de titane à traverser la paroi cellulaire, endommager l’ADN et réduire les capacités cellulaires à réparer ces dommages. Une étude a mis en évidence que l’inhalation prolongée de nanoparticules de titane endommage l’ADN des cellules des poumons. Ces nombreuses études ont conduit l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET) à recommander en 2010 d’« agir sans attendre au nom du principe de précaution » pour réduire les risques liés aux nanomatériaux, et notamment à limiter l’exposition du public aux produits contenant des nanoparticules de dioxyde de titane.

« Le dioxyde de titane nanométrique, dont on produit deux millions de tonnes par an dans le monde, pour en truffer les crèmes solaires, le dentifrice, les peintures murales, le béton et les vitrages autonettoyants, fait en ce moment son chemin dans des millions de cerveaux », conclut le collectif Pièces et Main d’œuvre. De nombreux autres nanomatériaux présentent un risque avéré pour la santé. Comme les nanotubes de carbone, utilisés dans le secteur des BTP. Les nanomatériaux sont pourtant de plus en plus utilisés dans de nombreux secteurs, comme dans l’alimentation, sans véritable contrôle ou étiquetage.

Comme auparavant l’industrie nucléaire ou les OGM, les nanotechnologies se sont peu à peu imposées sans véritable débat démocratique, et en dépit du principe de précaution. Les conclusions du Commissariat à l’énergie atomique invitent pourtant, une fois de plus, à se demander pourquoi les autorités publiques mettent tant de temps à réagir.

Lire le communiqué du CEA et l’étude publiée