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Quand l’Inra orchestre une manifestation de ses salariés

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par Sophie Chapelle

Le délibéré du procès des 60 faucheurs volontaires – qui avaient détruit, dans la nuit du 14 au 15 août 2010, des pieds de vigne transgénique appartenant à l’Inra [1] – sera rendu le 14 octobre à Colmar [2]. A cette occasion, la direction de l’Inra a diffusé un message à ses salariés leur demandant « la plus grande mobilisation pour défendre [leur] liberté de chercheur en [s]’affichant clairement en blouse blanche ». Pour celles et ceux prêts à se mobiliser devant le tribunal, une réunion est même prévue avec le directeur de la communication. La direction générale craignant peut-être que les chercheurs manquent d’idées (et d’enthousiasme ?), la note précise même que « des banderoles avec des slogans clairs sont en préparation ».

Pour le syndicat SUD Recherche EPST [3], ce procédé de la direction « évoque ceux employés par les dictatures à bout de souffle qui organisent de telles manifestations spontanées pour soutenir leur régime lorsqu’ils sont remis en cause ».

En voulant pousser au bout cet essai, l’Inra n’a pas tenu compte « ni des citoyens, ni des paysans, en ignorant les retombées environnementales et économiques, faisant le jeu des lobbies agro-industriels », affirment dans un communiqué les Faucheurs volontaires. Et SUD Recherche d’insister : « De quelle liberté bénéficient vraiment [les chercheurs] aujourd’hui alors qu’il est de plus en plus difficile de trouver des financements sans justifier de l’intérêt des recherches pour des entreprises privées ? »
Une chose est sûre, SUD Recherche n’hésitera pas à demander à la direction, lors des prochaines manifestations de personnels contre la casse du service public, de prendre en charge les factures de banderoles et des retenues sur salaires.

Notes

[1Institut scientifique de recherche agronomique.

[2Mise à jour : « Le tribunal correctionnel de Colmar a condamné les Faucheurs volontaires récidivistes à des peines de 60 jours-amendes à 20 euros (soit la somme de 1200 euros) et les non récidivistes à une peine de deux mois de prison avec sursis. Quant au préjudice moral, il a été évalué par le Tribunal au paiement d’un euro symbolique. Enfin, l’Inra bénéficiera d’une indemnisation de 57 000 euros, soit un montant largement inférieur aux 540 000 euros de dommages et intérêts demandés par l’Inra lors du procès ». Source : Inf’OGM, le 14 octobre

[3Établissements publics à caractère scientifique et technologique.