Discrimination sociale

Parents chômeurs ? Privés de cantine !

Discrimination sociale

par Nolwenn Weiler

Sélectionner les enfants ayant accès à la cantine en fonction du statut social de leurs parents, de façon à ne pas être débordés… Cette trouvaille ne sort pas d’un roman de George Orwell mais de la boîte à idées de Jean Denais, maire UMP de Thonon-les-Bains. Estimant que le restaurant scolaire ne pouvait pas satisfaire toutes les demandes, il a décidé de donner la priorité aux enfants dont les deux parents travaillent. Excluant ainsi ceux dont au moins l’un des parents est sans emploi. Il n’est pas le seul à avoir emprunté la voie de la discrimination aux enfants de chômeurs. Le quotidien L’Humanité a répertorié 70 communes ayant adopté des règlements similaires. Et notamment Bordeaux (où règne Alain Juppé), Meaux (fief de Jean-François Copé), Nice (ville de Christian Estrosi), Troyes (dirigée par François Baroin) ou encore Toulon (que gère Hubert Falco)…

La jurisprudence, qui remonte à 1993, précise que dès lors que le service de restauration collective existe, il doit être accessible à tous. Mais être dans l’illégalité ne semble pas poser problème à ces ténors de l’UMP et à leurs équipes. Cela dérange en revanche certains de leurs administrés. Un restaurateur de Thonon-les-Bains a ainsi décidé, avec quelques amis commerçants, d’offrir le repas de midi aux 35 exclus de la cantine, en signe de protestation. Face à l’indifférence du gouvernement, la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) vient de publier un appel aux parents d’élèves, les encourageant « à refuser ces situations abusives et à contacter leurs conseils départementaux pour qu’ils les accompagnent dans leurs démarches ». La FCPE encourage par ailleurs les parlementaires à déposer une proposition de loi afin que les textes garantissent le droit d’accès pour tous au service public de la cantine, reconnu par les tribunaux.

En attendant, Baroin, Copé, Estrosi ou Juppé pourront toujours s’inspirer de l’initiative d’un documentaliste zélé d’un collège de Saint-Herblain, près de Nantes. Le documentaliste a refusé de distribuer ses livres scolaires à un jeune collégien au prétexte que sa famille n’avait pas réglé la totalité des frais de cantine : soit une ardoise de... 20,80 euros. Après les chômeurs privés de cantine, les revenus modestes privés de livres scolaires ! Qui dit mieux ?