FAO

Une bonne nouvelle pour l’agriculture mondiale

FAO

par Ivan du Roy

C’est un Brésilien, José Graziano da Silva, qui a été nommé fin juin, directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Une fois n’est pas coutume, cette nomination est plutôt une bonne nouvelle. Alors que la famine refait son apparition en Somalie, que la spéculation sur les denrées de base bat son plein et que le modèle agricole productiviste s’enfonce dans la crise, le rôle de la FAO est toujours plus crucial. José Graziano da Silva est l’ancien ministre de la Sécurité alimentaire et de la lutte contre la faim du gouvernement de Lula au Brésil (2003-2010). Il a notamment mis en place le programme « Faim zéro », qui a contribué à sortir 40 millions de Brésiliens de la faim, et il est favorable au principe de réformes agraires.

Pour João Pedro Stedile, leader du Mouvement des sans-terre brésilien (MST), du réseau Via Campesina, et figure du mouvement altermondialiste, cette nomination « est un symbole important pour les mouvements sociaux brésiliens ». Élu de justesse face à un Européen (92 voix contre 88), le choix du Brésilien « a aussi une signification politique », estime João Pedro Stedile, dans un entretien traduit par le site Mémoire des luttes. « Sa candidature a été soutenue par les pays du Sud, les pays pauvres et agricoles, contre celle du capital et des multinationales. Ces derniers étaient représentés par un candidat espagnol, Miguel Angel Moratinos, qui, lui, ne voulait rien changer. »

Le nouveau directeur de la FAO prendra ses fonctions le 1er janvier 2012. Il va être confronté à bien des obstacles et des résistances si, comme il l’a annoncé après son élection le 26 juin, il veut promouvoir « une meilleure gouvernance du monde ». De son côté, João Pedro Stedile invite la FAO à « réunir des experts sérieux du monde entier, entendre la voix des mouvements paysans et construire ses propositions en accord avec les réalités de chaque pays et de chaque peuple ». Exemple : « Réorienter le mode de production agricole dans le monde entier en appliquant les techniques de l’agroécologie à grande échelle. Il faut promouvoir la recherche et encourager l’ancrage rural afin d’éviter la « pétrolisation » de l’agriculture. » Ces idées auront-elles l’oreille du nouveau directeur de la FAO ?