Expropriation

Multinationale chinoise contre paysans maliens

Expropriation

par Sophie Chapelle

« Je ne suis qu’un simple maire de commune rurale, je n’ai pas assez de poids pour affronter les multinationales », lâche le maire de Yékébougou (Mali) en juin 2010 aux paysans expropriés. Quelques semaines plus tôt, 500 hectares de terres agricoles de quatre villages maliens ont été « bornés » — démarqués avec des clôtures — par l’entreprise chinoise Covec [1], aux fins d’exploitation de carrière. L’Union des Associations et des Coordinations d’associations pour le développement et la défense des droits des démunis (UACDDDD) est alors saisie par les habitants de ces villages, qui assurent n’être ni « informés » ni « associés » à ce bornage « unilatéral ». Rapidement, des visites de terrain avec les paysans victimes sont organisées, ainsi que des prises de contact avec les travailleurs chinois. Les engins lourds sont déjà sur place et des maisons sont en cours de construction par la société Covec.

Le maire de Yékébougou assure que cette expropriation s’est opérée sur sa commune sans son autorisation, mais avec celle de l’État malien, et ce, sans garantie de dédommagement des paysans. Forte de ses 93 associations, l’UACDDDD demande en janvier 2011 au gouverneur de Koulikoro et au préfet de Kati, « l’arrêt immédiat des travaux de Covec sur les terres des paysans ainsi que le dédommagement de ceux dont les champs ont été touchés par ces interventions ». En mars, l’Union adresse à Amadou Toumani Touré, président du Mali, une lettre faisant état des problèmes fonciers et l’informe de l’organisation d’une marche le 22 mars à travers le pays. Quatre jours avant l’événement, le ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales met en place une Commission chargée d’examiner et de résoudre les revendications déposées par l’UACDDDD auprès du gouvernement.

À l’issue de sa mission le 13 juin 2011 à Yékébougou, la Commission minstérielle demande à son tour « l’arrêt immédiat des travaux pour non-respect des normes, la levée de la décision d’interdiction de cultiver la zone, et le dédommagement des paysans dont les champs ont déjà été touchés par les travaux ». Il y a quelques jours, les paysans qui s’étaient fait exproprier de leurs terres, ont été dédommagés et ont pu retourner cultiver leurs champs.

Source : No-Vox

Notes

[1China Overseas Engineering Group Company