Agriculture

G20, j’ai faim !

Agriculture

par Ludovic Simbille

Alors que se réunissent les ministres de l’agriculture des 20 pays les plus riches les 22 et 23 juin à Paris, plusieurs organisations de solidarité internationale montent au créneau. Peuples Solidaires et ActionAid appellent les ministres « à prendre des mesures urgentes pour réduire la volatilité des prix de la nourriture », condition nécessaire pour éviter une crise alimentaire et de nouvelles émeutes de la faim.

Le nombre de personnes dans le monde en situation de malnutrition a dépassé un milliard en 2009, d’après l’ONU. Avec la hausse des prix alimentaires et du cours des matières premières, 44 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté depuis 18 mois. Et si cela continue, 34 millions de plus devraient suivre, rappelle la Banque mondiale. Une telle situation ne s’améliorera pas sans volonté politique. Rappelons qu’un des objectifs du millénaire de l’ONU est de réduire de moitié entre 1990 et 2015 la proportion de la population qui souffre de la faim.

ActionAid et Peuples solidaires ont défini six propositions, six exigences pour mesurer d’ici la fin de la semaine le succès de ce G20 agricole, qui se réunit les 22 et 23 juin à Paris : verser la totalité des 22 milliards d’euros promis en 2009 à l’agriculture paysanne et familiale, couper les aides publiques aux agrocarburants, accepter la coordination des réserves alimentaires régionales, agir contre l’accaparement des terres par les entreprises au détriment des paysans locaux.

Les associations demandent également une régulation et un contrôle de la volatilité des prix, jusque-là tolérée par le G20. De manière plus générale est exigée la reconnaissance du droit à l’alimentation, par une forte intervention des États contre la mains mise des marches privés.

Cette liste d’exigences est qualifiée de « plan d’action ambitieux » par Bruno Lemaire, ministre de l’Agriculture. De leur côté, la FNSEA et 120 organisations paysannes ont également interpellé les gouvernements. Dans une déclaration finale, publiée le 17 juin dernier, ce « G120 » insiste notamment sur « la nécessité de transparence et de connaissance des marchés et des stocks partout à travers le monde ». Les membres du G20 ont une semaine pour faire preuve d’ambition.

Les demandes de Peuples Solidaires et ActionAid :

 Mettre l’accent sur le soutien à l’agriculture paysanne et familiale, en
particulier les femmes, notamment en mettant en œuvre
l’engagement pris en 2009 d’y consacrer 22 milliards de dollars, dont
seulement un quart a été déboursé à ce jour.

 Cesser d’utiliser de la nourriture pour produire du carburant, en
éliminant les soutiens publics aux agrocarburants (objectifs de
consommation et subventions à la production), comme recommandé
dans le rapport demandé pour le G20 agricole par le G20 à la FAO, la
Banque mondiale et 9 autres organisations internationales.

 Approuver la proposition du Programme alimentaire mondial d’un
système coordonné de réserves alimentaires régionales – et ne pas se
borner à demander une « étude de faisabilité » pour déterminer si un
projet pilote serait souhaitable.

 Prendre des mesures afin d’empêcher les entreprises ayant leur siège
dans les pays du G20 de s’accaparer des terres dans des pays tiers
alors que les paysans pourraient les utiliser faire pousser leur
nourriture.

 Le G20 n’a pas vocation à résoudre la crise alimentaire mondiale, mais il doit réparer les dommages qu’il a lui-même provoqués. Il a accepté la volatilité des prix et en reconnaît maintenant les conséquences négatives. Les pays du G20 doivent donc mettre en place des règles afin de contrôler cette volatilité.

 Reconnaître la nécessité des interventions de l’Etat pour garantir le
droit à l’alimentation et mettre un terme au dysfonctionnement des
marchés. Ces fonctions essentielles ne peuvent être laissées aux
sautes d’humeur des marchés et aux mains du secteur privé.

Lire le communiqué ici

Lire le rapport Food for Thought qui présente les positions de Peuples Solidaires et ActionAid sur les différentes questions discutées par les ministres de l’Agriculture.