Scandale financier

Les prêts pourris de l’Europe à l’Afrique

Scandale financier

par Agnès Rousseaux

La Banque européenne d’investissement (BEI), dont l’État français est actionnaire, encourage la corruption et l’évasion fiscale en Afrique. C’est l’accusation lancée par le collectif Counter Balance, dont fait partie l’ONG Les Amis de la Terre. Dans un rapport récent, Counter Balance analyse comment les prêts de la BEI « vont à l’encontre de toute logique de développement ». Ces prêts sont accordés de plus en plus via des banques et fonds d’investissements « aux exigences de rentabilités exorbitantes ». Et 60% des fonds d’investissements examinés par les auteurs sont enregistrés dans l’Île Maurice, paradis fiscal notoire.

La BEI consacre plus de 10 milliards d’euros chaque année à des investissements dans des pays non-européens. Plus d’un tiers de ces prêts sont aujourd’hui accordés à des fonds d’investissement ou des intermédiaires financiers, qui redistribuent – en théorie – l’argent à de petites et moyennes entreprises. Counter Balance présente dans son rapport de nombreux projets controversés, financés par la BEI en Afrique : scandales de corruption, transferts financiers opaques, utilisation des paradis fiscaux, déclarations contradictoires de la BEI et de ses « clients »… Un exemple ? La BEI a accordé en 2007 un prêt de 50 millions d’euros à l’Intercontinental Bank, au Nigeria. Deux ans plus tard, le directeur de la banque est licencié et poursuivi pour fraude bancaire, blanchiment d’argent et corruption. La banque européenne assure pourtant choisir des partenaires de confiance…

La BEI, également championne du financement du réchauffement climatique et des décisions opaques, est la plus importante institution financière publique du monde en ce qui concerne le volume de prêts. La France fait partie des quatre plus gros actionnaires de la banque, ce qui lui donne un poids certain dans les décisions. C’est le ministère des Finances qui siège dans les instances de la BEI. Opacité et négligence, évasion fiscale, prêts à des banques et fonds douteux, mais que fait Christine Lagarde ?

Lien vers le rapport (en anglais)