Musique engagée

La révolution africaine, au rythme de Tiken

Musique engagée

par Agnès Rousseaux, Vincent Le Leurch

Son nouvel album, African Revolution, vient de sortir. Basta! a rencontré Tiken Jah Fakoly, en visite à Paris. Le magicien du reggae africain évoque son continent et ses engagements. Face au fatalisme et au néo-colonialisme, il appelle sans relâche la jeunesse d’Abidjan, de Bamako ou de Dakar à reprendre en main son destin. Entretien en images.

Quand le magicien du reggae africain entre dans la pièce que sa maison de disques, Barclay, a réservée pour ses interviews, une sensation immense de plénitude s’installe. L’homme est grand, son regard vous sourit. Infiniment décontracté, Tiken Jah Fakoly a entamé la traditionnelle période de promotion en prélude à la sortie de son dixième et nouvel album, African Revolution. Ce disque, enregistré entre Kingston et Bamako, révèle un nouveau visage de l’artiste, nettement moins reggae pur et dur, et carrément plus tourné vers des sonorités blues, façon Amadou et Mariam.

Comme toujours avec Tiken, cette nouvelle orientation n’est pas dénuée de sens politique. Outre le souci perpétuel de se renouveler constamment, l’artiste a tenu cette fois à mettre l’Afrique ancestrale en avant, en utilisant des instruments typiques du continent africain, qu’il s’agisse du balafon ou du soukou qui est un violon à une seule corde. « Ces sonorités ont bercé mon enfance, souligne t-il. J’ai des souvenirs de ma mère esquissant quelques pas de danse au son du balafon. Ces instruments font partie de mon histoire, de notre Histoire. » Il ne faut pourtant pas croire que la douceur des instruments et l’incroyable savoir-faire mélodique qui s’étend au fil des 13 titres de l’album dissimule une baisse de vigilance.

Tiken Jah Fakoly, artiste majeur du continent noir, n’en est pas moins toujours un porte-parole assidu au discours d’une limpidité exemplaire. Pour lui, cette "révolution africaine" contenue dans le titre du disque, passe par l’absolue nécessité d’une Afrique unie et solidaire qui prenne toute seule son destin en main. Persuadé que la colonisation n’a jamais cessé, Tiken souhaite éveiller les consciences de la jeunesse africaine pour qu’elle signifie à ses dirigeants que les décisions économiques des pays concernés ne peuvent plus se prendre à New York ou en Europe. Sur tous ces thèmes, Tiken répond dans les extraits vidéo que nous publions.

Que dîtes-vous à la jeunesse africaine pour qu’elle ne se résigne pas face au néo-colonialisme économique et à l’inertie – voire la corruption – des gouvernements africains ?

Comment voyez-vous votre rôle d’artiste engagé ?

Comment ressentez-vous, de Bamako, la politique migratoire de la France et ses dérives xénophobes ?

Vincent Le Leurch et Agnès Rousseaux (réalisation)


Nouvel album : African Revolution, Disponible en CD et Digital, Barclay