Alimentation

Un pesticide par jour

Alimentation

par Agnès Rousseaux

Et si nous mangions à notre insu un pesticide par jour ? C’est en théorie possible. En pratique, c’est sûrement plus : 365 pesticides différents, présents dans les fruits et légumes consommés en Europe, ont été identifiés par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Résultat d’une étude sur l’exposition des consommateurs, publiée le 12 juillet : 3,5 % des échantillons analysés dépassent les limites maximales de résidus légales (LMR). Les principaux aliments concernés par ces taux excessifs sont les épinards (6,2%), les oranges, le riz, les concombres, les mandarines, les carottes… Les produits importés de pays hors Union européenne sont les plus concernés par ces dépassements (7,6 %). Et les produits biologiques ne sont pas épargnés : 0,9 % des échantillons analysés montrent un dépassement des taux limites en pesticides.

« La présence de pesticides, même en excédent par rapport au niveau maximum, n’implique pas qu’il y ait un problème du point du vue de la sécurité alimentaire », relativise l’EFSA. Elle insiste sur le fait qu’aucun pesticide n’a été détecté dans quasiment les deux tiers des échantillons testés (62%). Il y aurait donc un peu moins de pesticides que les années précédentes : la proportion des échantillons non contaminés se situait alors entre 52% et 58% (en 2005-2007). Mais les normes ont, entretemps, changé. Et il est bien sûr question ici de « résidus de pesticides mesurables »… Malgré une législation très stricte, 76 aliments pour bébés [1] présentent tout de même des résidus de pesticides, dont quatre excédant les normes maximales recommandées.

L’Europe plus tolérante vis-à-vis des pesticides

Sur l’évaluation de l’exposition à long terme, « aucun des pesticides évalués ne suscitait d’inquiétude pour la santé », conclut, optimiste, l’EFSA. Reste l’exposition aiguë : que se passe-t-il si des personnes consomment de grandes portions d’aliments contenant les niveaux de pesticides les plus élevés enregistrés ? « Pour 35 combinaisons pesticides/aliments [2], un risque potentiel pourrait se présenter mais seulement dans de rares cas », répond l’EFSA. Difficile d’être moins explicite... D’autant que la nature des risques n’est pas précisée.

Cette étude a été menée selon les normes européennes entrées en vigueur en septembre 2008, qui permettent d’harmoniser les normes entre États. Problème : ces nouvelles règles ont été harmonisées par le bas. Les taux tolérés de pesticides sont plus élevés : en Autriche par exemple, les limites autorisées ont ainsi été élevées pour les deux tiers des pesticides utilisés, pour certains jusqu’à 1.000 fois !

P.-S.

Télécharger le rapport de l’EFSA (en anglais)

Notes

[1sur 2062 échantillons étudiés

[2Une combinaison pesticide/aliment désigne l’utilisation d’un pesticide spécifique pour un aliment donné, comme le riz, les carottes ou les poires.