Santé publique

Pollution atmosphérique : la France épinglée pour non-respect des normes

Santé publique

par Judy Flair

La France porte un bonnet d’âne en matière de qualité de l’air. Plus que récalcitrante à lutter contre la pollution atmosphérique, elle devra payer une amende à l’Union Européenne. Elle a été renvoyée, jeudi 19 mai, devant la Cour de Justice européenne « pour non-respect des valeurs limites […] applicables aux particules en suspension ». Ces particules qui pénètrent « profondément dans l’appareil respiratoire » et proviennent pour une part des véhicules diesel. Les services de l’État viennent d’engager une révision du Plan de protection de l’atmosphère d’Ile-de-France, en y associant seulement les « professionnels », bien loin des grandes concertations initiées lors du Grenelle, dénoncent les Amis de la Terre.

Les normes ne sont pas respectées dans 16 zones, dont Marseille, Toulon, Avignon, Paris, Valenciennes, Dunkerque, Lille, le Nord Pas-de-Calais, Grenoble, Montbéliard/Belfort, Lyon, Bordeaux, La Réunion, Strasbourg... Rappelons que la loi Grenelle 2 a prévu en 2010 des zones d’action prioritaires pour l’air (ZAPA). Il s’agit de tester des dispositifs de limitation ou d’interdiction de la circulation. Mais pour France nature environnement (FNE) ces mesures sont non seulement « tardives », mais ont une portée réduite, car elles ne permettent ni d’interdire la circulation des 4X4 et ni celle des deux roues dans les zones concernées.

Un risque mortel pour la santé

La qualité de l’air pourrait faire partie des « grandes priorités nationales » : selon un rapport de 2004 de l’Agence française de sécurité sanitaire environnementale (Afsse), la pollution atmosphérique serait responsable chaque année de la mort de 6.500 à 9.500 personnes en France. Soit 1,5 fois plus que de décès dus aux accidents de la route. Près 6 à 11% des décès par cancer du poumon chez les plus de 30 ans seraient liés aux rejets de particules polluantes dans l’atmosphère.

L’Association santé environnement de France (Asef) affirme que le dépassement des normes occasionne une augmentation des coûts de l’assurance-maladie « qui, au quotidien, doit assumer l’augmentation des allergies, des asthmes, des accidents cardio-vasculaires et des cancers ». Que faut-il attendre de plus pour prendre des mesures restrictives ?

Judy Flair

Pertes d’espérance de vie moyenne statistique (en mois) dues à des PM2,5 anthropogéniques (source : Union européenne)