Cinéma

Océans et réchauffement climatique : un festival de films dédié aux travailleurs de la mer

Cinéma

par Collectif

Ils ne sont jamais invités au sein des grandes conférences sur l’état des océans. Les pêcheurs sont pourtant des sentinelles face au réchauffement climatique, aux menaces sur la biodiversité, à la privatisation des océans. Le festival international de films Pêcheurs du Monde leur donne enfin la parole.

Avec sa 8e édition, le Festival de Films Pêcheurs du Monde croise les regards des gens de la mer et des cinéastes. Il fait voir et entendre les peuples des mers, ceux et celles qu’on ne convoque pas dans les grandes conférences, comme à la COP 21, sur l’état des océans. Avec la projection de 50 films durant 7 jours dans le Morbihan, le Festival de Lorient est un voyage sur les littoraux d’une vingtaine de pays, en plus de la France et de la Bretagne !

Pour les réalisateurs, les pêcheurs dans le monde sont des « sentinelles ou des poseurs d’alerte » face au réchauffement climatique, aux conflits et au drame des migrants, aux enjeux de l’alimentation et des ressources, aux menaces sur la biodiversité, à la privatisation des océans. Mais ces réalisateurs, ni « voyeurs », ni « observateurs passifs » veulent « ressentir avec » et faire partager une rencontre avec des hommes et des femmes. Ils veulent rendre compte des inquiétudes et des espoirs, comme dans « le Chant d’une île » de Joaquim Pinto et Nuno Leonel.

Pêcheurs du monde

Pendant longtemps, les pêcheurs ont été présentés comme les nourriciers des populations, aujourd’hui des campagnes les désignent comme les destructeurs des océans. Surpêche, industrialisation, prise illégale sont-ils de la responsabilité des pêcheurs ou d’un système libéral mondialisé qui impose sa logique de mainmise sur les ressources comme sur les côtes ? Dans beaucoup de pays du sud, comme
les pays africains ou l’Indonésie, les pêcheurs fournissent le complément alimentaire indispensable.

Ils se plaignent de la concurrence du pillage des ressources exercé par les grandes flottes européennes, chinoises, coréennes. Ils dénoncent les îlots de pollution de plastiques qui parcourent les océans... Au contraire, comme les pêcheurs bretons, beaucoup pratiquent une pêche-gestion de la ressource. En réalité sous couvert de la « la croissance bleue », les océans risquent d’être accaparés par des groupes
multinationaux de l’énergie, de la chimie (aquaculture), du tourisme, des transports.

Faire disparaître les pêcheurs règlera-t-il l’avenir des océans et l’alimentation des populations les moins favorisées ? C’est toute la richesse du Festival d’ouvrir ce vaste débat sur les Océans en jouant son rôle de soutien à la création de films. Par ses sélections, ses découvertes, ses traductions il fait connaître des films inédits en France. Il révèle de jeunes réalisateurs tout en rendant cette année un hommage à René Vautier, « Mourir pour des images ». Deux avant-premières mondiales sont proposées avec des films réalisés en Bretagne , l’un sur les peuples des océans, « Les Océans, la voie des invisibles » de Mathilde Jounot et l’autre sur le patrimoine maritime « Le Biche » de Gilbert Thoraval.

TOUSCOPROD

Le jeune public est mobilisé avec la création d’un journal du Festival, des visuels par les étudiants des Beaux- Arts, la rencontre avec des réalisateurs, la participation au jury jeune. Des projections ont lieu dans les lycées, l’école des Beaux-Arts et à l’Université, avec une table ronde « le poisson, un aliment nécessaire de qualité ? » et des représentants de la FAO, des chercheurs, des gens de la mer.

Le Festival de Lorient est un évènement qui place la culture au centre des questions de notre temps, c’est un évènement unique. La 8é édition du Festival International de Films Pêcheurs du Monde se déroulera du 14 au 20 mars 2016.

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Plus d’informations sur le site pecheursdumonde.org

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