Île-de-France

Napoléonland : bientôt un parc d’attraction à la gloire de l’empereur ?

Île-de-France

par Agnès Rousseaux

Napoléon détrônera-t-il bientôt Mickey et Astérix ? Le parc d’attraction Napoléonland (si, si...) est sur les rails. C’est le rêve du député Yves Jégo, ex-UMP ayant rejoint Jean-Louis Borloo : ouvrir en 2017 le premier parc historique consacré à l’épopée napoléonienne à proximité de la ville dont il est maire, Montereau, en Seine-et-Marne. L’élu promet des milliers d’emplois, deux millions de visiteurs, pour un coût estimé à 200 millions d’euros. L’élu ne précise pas, cependant, combien d’argent public devra être investi, mais espère un partenariat public-privé… L’amélioration de la desserte TGV serait même à l’étude par la SNCF. Un appel d’offre a été lancé en février pour réaliser les études de faisabilité.

Pourquoi Napoléon ? C’est une « marque monde » (sic), explique le député. Un homme capable de « faire trembler l’Europe sous son talent militaire [1]. « Napoléon, c’est la méritocratie. Issu d’une famille de rien, il est devenu empereur des Français, puissant parmi les puissants en Europe ». Un parcours qui fait rêver, donc. Et la petite ville de Montereau ? Elle est « au cœur de l’épopée napoléonienne. » Jugez donc : c’est ici qu’en février 1814, l’empereur remporte sa dernière grande bataille contre « l’ennemi autrichien »…

« Faire du fun intelligent » avec Bonaparte

Le rêve Napoléonland est aussi partagé par quelques socialistes locaux : « Depuis la tragédie grecque, l’humanité aime que le Destin frappe les plus grands au moment où ils atteignent l’apogée de leur puissance. (…) Un mythe n’est populaire que s’il rappelle aux hommes leur condition mortelle, s’il leur montre qu’ils ne sont qu’un jouet dans la main de Dieu ou des dieux. C’est en cela que la légende de Napoléon n’a pas fini de faire rêver les hommes », s’enflamme Alain Dreze, ancien maire (PS) de Montereau, cité sur le blog d’Yves Jego. Le soleil d’Austerlitz semble avoir un peu trop chauffé.

Le site ne sera pourtant pas un lieu de « dévotion béate » pour empereur autoritaire, prévient le député. La question de l’esclavage, rétablie en 1802 par Bonaparte, ne sera pas éludée, précise celui qui fut le secrétaire d’État à l’Outre-mer de François Fillon… Nous voilà rassurés. Gage de ce sérieux historique, l’Association pour bâtir une entreprise internationale de loisirs sur l’Empereur et son époque (Abeille), est présidée par Charles Bonaparte, descendant du frère de Napoléon Ier.

Vers une Bérézina financière ?

Pour faire vivre la légende napoléonienne, pas moins 230 hectares sont prévus, dont 50 à 100 hectares consacrés au parc à thème. Avec bien sûr une reconstitution de la bataille de Montereau. Et des activités plus ludiques. « Il faut faire du fun intelligent. L’histoire est un prétexte pour donner du plaisir avec des émotions, des sensations et des connaissances », explique Dominique Hummel, président du directoire du Futuroscope, qui va rejoindre le comité de pilotage.Yves Jégo pourrait s’inspirer de « Ski Dubaï », grande piste de ski en plein cœur du désert, dont il est fan : un peu de neige en Seine-et-Marne, pour rappeler le passage victorieux des Alpes de la campagne d’Italie ou la déroute de la Grande armée pendant la campagne de Russie ?

Dans cette ambiance Disneyland, pas sûr que les enfants fassent la différence entre Mickey et Napoléon. En chevauchant la monture de l’empereur dans un manège, en s’achetant des baïonnettes en plastique et en se faisant photographier à côté d’un intérimaire déguisé en grognard ou en hussard, les visiteurs se souviendront-ils des 3 à 6 millions de morts des guerres napoléoniennes ? Et si on dépensait l’argent public pour autre chose que des grands projets inutiles ? Surtout pour éviter une Bérézina financière !

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