Réforme

Augmentation de leurs indemnités : les stagiaires attendront

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par Thomas Clerget

Manuel Valls et son gouvernement devaient être récompensés pour leur action courageuse en faveur des (futurs) salariés. Ce jeudi 5 juin, une carte d’adhérent au Mouvement des entreprises de France (Medef) leur a été solennellement remise par le collectif Génération précaire. Ce mouvement, né en 2005 autour de la revendication de nouveaux droits pour les stagiaires, proteste de manière symbolique contre ce qu’il qualifie de « trahison » et de « reculades du gouvernement » sur la réforme en cours des stages en entreprise.

Génération précaire dénonce des pressions exercées par l’exécutif pour revoir à la baisse le contenu de la proposition de loi, examinée en procédure accélérée (une seule lecture à l’Assemblée nationale et au Sénat). Après s’être réjoui des « avancées concrètes obtenues » lors de l’examen du texte au Sénat, le 14 mai dernier, le collectif déchante. Une commission mixte paritaire, chargée de trouver un compromis entre députés et sénateurs, s’est réunie mardi ; elle est revenue sur plusieurs amendements importants.

Les stagiaires augmentés... dans un an et demi

Exit, donc, l’indemnisation des stages d’une durée supérieure à un mois, au lieu de deux mois aujourd’hui. « Nous avons eu beaucoup de retours de formations professionnelles du type IUT et BTS qui craignaient de ne plus trouver de stages courts pour leurs étudiants », a justifié Chaynesse Khirouni, députée PS (Meurthe-et-Moselle) et rapporteuse du texte. L’augmentation des indemnités, de 436 à 523 euros, sera conservée. En revanche, elle n’entrera en vigueur que pour les conventions signées à compter du 15 septembre... 2015 ! « L’urgent pour le gouvernement, c’est de décaler l’augmentation de la gratification des stagiaires de quinze mois. Le foutage de gueule, c’est maintenant », a réagi Julien Bayou, porte parole d’EELV et co-fondateur de Génération précaire.

Une réforme « faible » de plus

Plusieurs dispositions sont cependant conservées, comme la limitation du nombre de stagiaires selon la taille de l’entreprise d’accueil, qui reste à préciser ultérieurement par décret. Autre avancée en demi-teinte : les horaires de travail et temps de repos des stagiaires seront alignés sur ceux des autres employés d’une même entreprise, tandis que Génération précaire et la CGT demandaient leur plafonnement à trente-cinq heures hebdomadaires. Au final, le collectif évoque une réforme « faible », et « appelle le gouvernement à, pour une fois, accepter les avancées pour les stagiaires portées par les sénateurs plutôt que de faire droit aux revendications des employeurs ».