Désobéissance civile

Les faucheurs de chaises « braquent » une banque à Bastille pour dénoncer l’évasion fiscale

Désobéissance civile

par Sophie Chapelle

« Fermeture du siège de la BNP pour cause d’évasion fiscale ! ». Ce jeudi 3 décembre, les grilles du siège de la première banque de France située dans le 9e arrondissement de Paris, restent fermées. En cause, l’appel lancé quelques jours plus tôt par plusieurs organisations [1] à prendre le siège de la BNP qui « refuse toujours de fermer les 7 filiales qu’elle détient aux Îles Caïmans, trou noir de l’économie mondiale ». L’évasion fiscale coûte en effet 1000 milliards euros par an aux budgets publics, et est organisée en grande partie par les banques [2]. « L’évasion fiscale, en asséchant les finances publiques, est une cause profonde de l’austérité et contribue pour beaucoup aux inégalités », relève Dominique Plihon de l’association Attac France. En France, un cinquième de la dette publique est causée par l’évasion fiscale. Sans l’évasion fiscale, la dette publique de la France s’élèverait à 70 % du PIB, au lieu de dépasser les 90 % (lire notre enquête).

Attac Play

Alors qu’une rangée de forces de l’ordre encadre les manifestants, une opération de réquisition citoyenne de chaises est en cours à quelques stations de métro plus loin, dans une agence BNP située place de la Bastille. Six chaises viennent d’être « fauchées », annoncent les organisateurs. C’est la 36e action de ce type depuis le début de l’année 2015. Elle s’inscrit dans le cadre d’un appel à la désobéissance civile pour mettre fin au système organisé de l’évasion fiscale et des paradis fiscaux. « Pendant que l’État mendie pour organiser la COP21, l’évasion fiscale de BNP assèche les finances publiques », observe Txetx Etcheverry, l’un des initiateurs du mouvement. En tant que sponsor de la COP21, BNP Paribas a contribué à son organisation à hauteur de 250 000 euros.

Au total, plus de 240 chaises ont été réquisitionnées ces derniers mois dans des agences bancaires. 196 d’entre elles seront réunies ce dimanche place Jean-Jaurès à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dans le cadre du sommet citoyen sur le climat. Des représentants d’organisations venant de tous les continents, de communautés affectées, d’associations luttant contre l’évasion fiscale seront assis sur ces sièges. Le symbole doit rappeler que l’argent caché dans les paradis fiscaux pourrait plutôt financer la transition écologique et sociale, à commencer par le Fonds vert pour le climat. « Tant que les banques ne fermeront pas leurs filiales dans les paradis fiscaux, nous continuerons nos actions. La désobéissance civile est devenue une nécessité. »

Texte et photos : Sophie Chapelle

Sur le mouvement des faucheurs de chaises, lire aussi :
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 18 février 2015 : Après HSBC, nouvelle saisie citoyenne dans une agence de BNP à Bruxelles
 9 mars 2015 : Nouvelles réquisitions citoyennes dans des agences de BNP Paribas
 2 octobre 2015 : Ils réquisitionnent des chaises dans les banques pour dénoncer la fraude fiscale
 6 novembre 2015 : Sept heures de garde à vue pour avoir dénoncé les paradis fiscaux
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