Transition énergétique

Le sommet mondial des pétroliers bloqué par une centaine de militants pour le climat

Transition énergétique

par Sophie Chapelle

« S’ils veulent rentrer, ils devront nous passer sur le corps ! ». C’est le mot d’ordre lancé par plusieurs organisations de la société civile [1], alors que se tient ce 21 avril dans le 17e arrondissement de Paris le Sommet international sur le pétrole [2]. Vers 8h30, une centaine de militants se sont allongés devant l’entrée du bâtiment où débute le sommet, entourés d’une banderole « scène de crime climatique ». Une manière de représenter symboliquement les victimes passées et futures du dérèglement climatique.

Parmi les invités pressentis pour ce sommet, le directeur général de Total, dont le groupe développe un énorme projet gazier en Arctique (notre enquête), le PDG de la compagnie nationale algérienne Sonatrach, contrainte pour l’heure de renoncer à l’exploitation des gaz de schiste [3], mais aussi des représentants d’Engie (ex-GDF Suez), qui contribue à approvisionner les réseaux de gaz et chaudières de France et d’Europe en gaz de schiste américain [4].

Pour les 300 militants qui sont parvenus ce matin à bloquer partiellement l’entrée du sommet, dont une vingtaine se sont immiscées à l’intérieur, la seule préoccupation de l’industrie fossile est de « garantir leurs profits, abaisser leurs coûts, conserver la main-mise sur les politiques énergétiques malgré les engagements internationaux. Pourtant, après la COP21, l’heure doit être au désinvestissement et à la reconversion totale vers les énergies renouvelables. »

Ce sommet international sur le pétrole se déroule à la veille de la signature officielle de l’accord sur le climat, négocié lors de la COP21 à Paris en décembre dernier (tous nos articles à ce sujet). La cérémonie officielle qui se tient le 22 avril à New York va ouvrir la porte à un long processus de ratification. Or, appliquer l’Accord de Paris et rester en-deçà de l’augmentation des 2°C de température, revient à laisser 80 % des réserves fossiles dans le sol [5].

Plusieurs organisations appellent à multiplier les actions cette année contre les énergies fossiles et les pollutions industrielles. Après le blocage du Sommet mondial des pétroliers et gaziers à Pau début avril par 600 militants, des actions de terrain seront menées du 13 au 16 mai, notamment en Allemagne contre une mine de charbon.

Photos : ANV COP21 / Twitter

Plus d’informations sur http://fr.breakfree2016.org/

Nos dossiers :
 Le défi du réchauffement climatique
 L’enjeu de la transition énergétique

Notes

[1350.org, Alternatiba, Les Amis de la Terre France, ANV COP 21, Attac France, Bizi Mugi, Confédération Paysanne, JEDI for Climate, Nation Ocean, Union syndicale Solidaires

[3Voir ici

[4Notre article à lire ici

[5Sur la base d’une étude du Postdam Institute for Climate Impact Research, il ne faudrait pas émettre plus de 565 gigatonnes de CO2 ou équivalents CO2 d’ici à 2050 pour avoir de sérieuses chances de ne pas dépasser la barre fatidique des 2°C. La combustion de toutes les réserves prouvées de pétrole, charbon et gaz de la planète engendrerait 2795 gigatonnes de CO2, soit cinq fois plus ! Si l’on veut respecter les préconisations des scientifiques, ce sont donc 80% de ces réserves qui ne doivent pas être extraites et consommées.