Austérité

Le gouvernement brésilien gèle les dépenses d’éducation et de santé pendant... vingt ans !

Austérité

par Rachel Knaebel

Le 11 octobre, les députés du Congrès brésilien ont voté à 366 contre 111 un amendement à la constitution du pays qui vise à geler les dépenses publiques pendant… 20 ans ! La proposition de loi avait été déposée avant l’été, alors que le nouveau président Michel Temer (droite) n’était encore qu’intérimaire, et que l’issue de la procédure de destitution de la présidente Dilma Roussef (Parti des travailleurs, gauche) n’était pas encore scellé.

Aujourd’hui, la constitution brésilienne oblige les gouvernements à consacrer au moins 18 % de ses recettes à l’amélioration du système éducatif et 13 % à la santé. L’accès à l’école, puis aux universités, ainsi que l’accès aux soins demeurent très fortement inégalitaires. Cet amendement n’impose plus de seuil d’investissement minimal et ce pour les vingt prochaines années. Les dépenses de santé et d’éducation ne pourront être ajustées qu’au niveau de l’inflation, même si les besoins vont au-delà. Si un prochain gouvernement souhaite revenir sur cette décision, il devra à nouveau réformer la constitution et donc trouver une majorité des trois cinquièmes dans les deux chambres pour le faire. La réforme entrera en vigueur entre 2017 et 2018.

A São Paulo, plusieurs dizaines d’étudiants ont occupé un bâtiment de la Présidence de la république le 11 octobre pour protester contre les effets de cet amendement constitutionnel sur l’éducation publique, qui souffre déjà d’un manque de moyens chronique. Cette première mesure d’austérité n’est qu’un début pour le nouveau gouvernement brésilien de droite. Il est sur le point de déposer au Congrès une proposition de réforme du système de retraite, avec un recul de l’âge minimum de départ en retraite à au moins 65 ans.