Inspection du travail

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, face à son premier conflit social

Inspection du travail

par Nolwenn Weiler

A peine installée, la nouvelle ministre du Travail, Muriel Pénicaud, doit faire face à un conflit social. Des agents du ministère du Travail se sont mobilisés hier, jeudi 18 mai, à l’appel d’une intersyndicale réunissant la CGT, la CFDT, FO, Sud et la FSU. Objet de leurs protestations : la baisse continue des effectifs, notamment des inspecteurs du travail, qui entraîne une surcharge de travail importante, et une dégradation des services proposés aux usagers. « Le ministère du travail, jugé non prioritaire, subit de plein fouet les conséquences des politiques d’austérité. Entre 2009 et 2017, les effectifs ont diminué de près de 20 %, passant de 9 826 temps pleins à 7 983 », dénonce l’intersyndicale. Les contrôleurs du travail, chargés de faire respecter la loi et de prévenir les risques pesant sur les employés (-23% de baisse) et les adjoints administratifs (-26%) qui sont en première ligne. Dans plusieurs régions, chaque inspecteur du travail a désormais en charge 10 000 salariés. Ils estiment que pour travailler correctement, et remplir leurs missions de contrôle et de prévention, il faudrait en suivre dix fois moins.

Les services de renseignement en droit du travail pourraient être remplacés par l’instauration d’un numéro de téléphone national unique. Une perspective qui révolte les agents de contrôles, soucieux de proposer une information de qualité, adaptée à chaque cas. Le maintien de ces services de renseignements, gratuits, de proximité avec un accueil physique, fait partie des revendications des agents du ministère qui ont demandé à rencontrer la nouvelle ministre du travail, Muriel Pénicaud. « Nous avons occupé la direction régionale en Ile-de-France jusqu’au soir, ce jeudi, précise Louise Fasso, de la CGT. La ministre a refusé de nous rencontrer, prétextant qu’elle n’avait pas encore composé son cabinet. Mais elle aurait au moins pu nous donner un rendez-vous pour les semaines à venir. Ce refus de nous rencontrer n’augure rien de bon pour nous. »

L’expérience dans le secteur privé de la nouvelle ministre du Travail, vanté par le patronat mais aussi par certains syndicalistes, ne rassure pas les agents du ministère, au contraire. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a fait part de sont appréciation « très positive » de Muriel Pénicaud (sur RMC), et Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière, a estimé que sa nomination était « plutôt rassurante » (sur France Info). Mais les agents du ministère craignent une gestion purement comptable, avec la poursuite des réductions d’effectif, et l’obligation de faire toujours plus avec de moins en moins de moyens.

Directrice générale adjointe du groupe Dassault Systèmes, chargée de l’organisation, des ressources humaines et du développement durable de 2002 à 2008, Muriel Pénicaud a ensuite été directrice générale des ressources humaines chez Danone, jusqu’en 2013. Elle a par ailleurs été membre du conseil d’administration d’Orange (ex France-Télécom) et présidente de son comité de gouvernance et de responsabilité sociale de 2011 à 2014, alors que l’ancienne entreprise publique des télécoms se remettait lentement du « désastre social » et d’une multiplication des suicides au travail provoqués par un vaste plan de restructuration et de suppressions d’emplois. « On ne se fait pas vraiment d’illusion sur la politique qu’elle va mettre en place, termine Louise Fasso. Emmanuel Macron a promis de virer plus de 100 000 fonctionnaires. Il va forcément puiser un peu partout. Et notamment dans nos services. »